Plus de 900.000 Mauriciens sont appelés aux urnes mercredi pour le dixième scrutin législatif depuis l'indépendance de cet archipel de l'Océan Indien, avec pour enjeu le possible renforcement du pouvoir présidentiel. Un projet de réforme constitutionnelle, contesté par l'opposition, fait de ces élections l'un des plus importants scrutins récents à Maurice, démocratie stable depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1968. La victoire se jouera entre deux grandes coalitions, qui s'affronteront le 10 décembre pour décrocher 62 sièges de députés -- 60 sur l'île Maurice, 2 sur Rodrigues, petite île à quelque 600 kilomètres plus à l'est. L'une, l'alliance "gouvernementale" (centre-gauche), regroupe la principale formation du pays, le Parti travailliste (PTr), et le Mouvement Militant Mauricien (MMM), qui a rejoint la majorité en septembre. L'autre, l'alliance Lepep (centre-droit), dirigée par l'ex-Premier ministre et ex-président Anerood Jugnauth, regroupe trois partis. Les deux camps ont fait campagne sur le renforcement de l'économie, basée sur le textile, le sucre et le tourisme. Maurice fait partie des pays les plus riches d'Afrique mais stagne dans le camp des pays à revenu intermédiaire, avec un PIB par habitant d'un peu plus de 9.000 dollars. Mais ils se sont farouchement opposés sur la réforme constitutionnelle proposée par l'alliance gouvernementale. En cas de victoire, le PTr, qui détenait à lui seul une courte majorité absolue dans l'Assemblée sortante, et le MMM entendent renforcer les pouvoirs aujourd'hui largement symboliques du président de la République et le faire élire au suffrage universel direct. Pour faire passer cette réforme, ils ont besoin des trois-quarts des sièges à l'Assemblée nationale, soit 50 députés ou plus. Pour le chef du MMM, Paul Bérenger, donner plus de pouvoirs au président, c'est ne plus concentrer "tous les pouvoirs dans les mains d'une seule personne" -- le Premier ministre -- et donc assurer un système "plus démocratique". Le chef de file de l'alliance Lelep, Xavier Duval, craint au contraire que la réforme, "bancale" à ses yeux, ne favorise l'émergence "d'un petit roi" qui "bénéficiera d'une immunité civile et criminelle et pourra faire ce qu'il veut pendant sept ans".