Le président de la Commission de l'ONU, Michael Kirby, montre une lettre adressée à Kim Jong-un, par laquelle il l'avertissait des accusations dont la Corée du Nord fait l'objet La réunion du Conseil de sécurité aura lieu alors que le FBI a accusé vendredi Pyongyang d'avoir organisé une vaste opération de piratage informatique visant Sony Pictures. La Corée du Nord devrait être mise en accusation aujourd'hui par les Occidentaux au Conseil de sécurité des Nations unies, qui tiendra pour la première fois une réunion spéciale consacrée aux violations des droits de l'homme dans ce pays. Jusqu'à maintenant, le Conseil a sanctionné Pyongyang pour ses essais balistiques et nucléaires. Mais un rapport accablant de l'ONU publié en février a révélé de graves exactions (travail forcé, exécutions sommaires, viols), incitant l'Assemblée générale à demander jeudi au Conseil de saisir la Cour pénale internationale, compétente pour juger les crimes contre l'humanité. Le Conseil ne prendra cependant aucune décision aujourd'hui, ne serait-ce que parce que la Chine, alliée de Pyongyang, y mettrait certainement son veto, selon des diplomates. Pour l'ambassadrice américaine Samantha Power, qui mènera sans doute la charge aujourd'hui contre le régime de Pyongyang, le rapport de février confirme que «les violations des droits de l'homme en Corée du Nord sont parmi les pires au monde, qu'elles sont largement répandues et systématiques». «Et étant donné la menace qu'elles représentent pour la paix et la sécurité internationales, elles ont échappé à l'examen du Conseil pendant trop longtemps», a-t-elle estimé. Cette réunion aura lieu alors que le FBI a accusé vendredi Pyongyang d'avoir organisé une vaste opération de piratage informatique visant Sony Pictures. Cette cyber-attaque, la plus grave jamais menée contre les Etats-Unis selon le FBI, a forcé le studio de cinéma à renoncer à sortir en salle une comédie satirique mettant en scène un complot de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-Un. La Corée du Nord a nié toute implication. Cet incident ne devrait cependant pas dominer les débats aujourd'hui, estiment des diplomates du Conseil, même si les Etats-Unis pourraient y faire allusion. Dix des 15 pays membres du Conseil, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume uni, ont réclamé la tenue de cette réunion. Moscou et Pékin ont tenté de s'y opposer en arguant que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, et non le Conseil de sécurité, était l'enceinte appropriée. La Chine devrait émettre la même objection aujourd'hui, ce qui pourrait provoquer un vote de procédure que les dix pays demandeurs sont sûrs de gagner. «Le Conseil de sécurité n'est pas le bon endroit pour parler de droits de l'homme. Et saisir la Cour pénale internationale ne réglera aucun problème, de quelque façon que ce soit», a affirmé vendredi Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La Corée du Nord a renoncé à participer à la réunion d'aujourd'hui, a indiqué à le conseiller politique de la mission nord-coréenne, Kim Song. «Nous n'y participerons pas», a-t-il déclaré. «Les droits de l'homme ne font pas partie du mandat du Conseil». On ne s'attend aujourd'hui à aucune décision ni à aucune déclaration commune des membres du Conseil. Mais les associations de défense des droits de l'homme se félicitent de cette initiative. «C'est un tournant», estime Param-Preet Singh de Human Rights Watch. Cette session inédite «reflète la volonté de la communauté internationale de réagir aux crimes terribles recensés par la commission d'enquête» de l'ONU.