Les prix du baril remontent légèrement «Que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», a indiqué le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, dans un entretien au Middle East Economic Survey paru lundi dernier. Un cavalier seul qui risque de faire exploser l'Organisation des pays exportateurs de pétrole si les prix du brut venaient à s'enfoncer davantage. «Les Saoudiens parlent au nom de l'Opep (...) mais si le prix du pétrole tombe aussi bas (à 20 dollars le baril), ils pourraient faire face à une opposition (interne) qui serait dure à surmonter», a prévenu l'analyste Connor Campbell de Spreadex. Le Venezuela, l'Iran et l'Algérie qui militent pour un baril à 100 dollars pourraient former le noyau dur de cette rébellion qui se profile. L'Arabie saoudite n'observant que son nombril est en train d'accélérer ce «schisme dormant». Le Royaume wahhabite a en effet décidé d'engager un bras de fer avec les pays producteurs de pétrole non-Opep quitte à mettre en péril les économies des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dont l'Algérie. «S'ils décident de réduire leur production (les producteurs hors Opep, Ndlr), ils seront les bienvenus. (...) L'Arabie saoudite ne va certainement pas réduire la sienne», a affirmé Ali al-Nouaïmi lors de la réunion de l'Opaep qui s'est tenue à Abou Dhabi. Ryadh a décidé de dicter sa loi. Même à 20 dollars le baril, l'Opep ne réduira pas sa production. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», a déclaré le ministre saoudien du Pétrole dans un entretien au Middle East Economic Survey (Mees), paru lundi dernier. L'homme le plus influent au sein de l'Opep, a estimé que le monde ne pourrait plus avoir un baril de pétrole à 100 dollars, rapporte la revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena) qui a qualifié son entretien d' «inhabituellement franc». Un scénario catastrophe pour l'économie nationale qui a besoin d'un baril de 100 dollars, voire plus pour équilibrer ses finances déjà bien malmenées par les niveaux actuels des prix du pétrole. «Désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril, pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles des hydrocarbures», avait prévenu Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la Banque d'Algérie dans un rapport présenté le 1er juillet 2012. La situation s'est notoirement dégradée depuis cette date. Les cours de l'or noir ont perdu près de 50% de leur valeur depuis le mois de juin dernier. De 115 dollars ils sont retombés à 60 dollars à Londres. Ils étaient cependant en légère hausse hier. Vers midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 60,86 dollars sur l'Intercontinen-tal Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 75 cents par rapport à la clôture de lundi dernier. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) pour la même échéance gagnait 83 cents pour se négocier à 56,09 dollars dans les échanges électroniques. Les cours de l'or noir piétinent à nouveau après avoir donné l'impression de vouloir rebondir en fin de semaine passée. Pourquoi? Pour les experts la raison est évidente. «Le pétrole a connu un nouveau revers lorsque l'Arabie saoudite a réaffirmé son engagement à n'offrir aucune aide à sa matière première clé», soulignait Connor Campbell de Spreadex. «Les remarques du ministre du Pétrole saoudien lundi dernier étaient bien plus agressives que par le passé», renchérissait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. Ryadh qui a pris la décision de jouer en solo et de ramer à contre-courant des attentes du marché pétrolier risque de provoquer une crise majeure au sein de l'organisation.