Les pays membres du cartel s'inquiètent devant un effondrement significatif des prix du pétrole. La baisse des cours de pétrole au-dessous de la barre des 22 dollars depuis plus de dix jours devrait théoriquement amener, aujourd'hui, les pays membres de l'Opep à mettre en application leur mécanisme d'ajustement et revoir à la baisse leur quota de production de 500.000 barils/jour. Une réduction que le secrétaire général du cartel, Ali Rodriguez, a estimé possible avant même qu'une éventuelle attaque américaine soit lancée. Des sources bien informées estiment, en revanche, que l'Opep ne peut réagir aussi vite, compte tenu de la conjoncture internationale actuelle. L'Arabie Saoudite, premier pays producteur du cartel, est vraisemblablement opposée à une quelconque baisse de la production dans l'immédiat. Ali Al-Nouaïmi, ministre saoudien de l'Energie, soutient la thèse selon laquelle une décision dans ce sens pourrait déstabiliser le marché pétrolier. Il semble toutefois que ce n'est pas la seule raison! Les observateurs pensent qu'une réduction de la production attirera des critiques virulentes sur les membres de l'Organisation qui, de ce fait, pénaliserait toute tentative de croissance dans le monde. En effet, les Européens espèrent une relance probable de leur économie si l'inflation continue à baisser grâce notamment au recul enregistré des cours de pétrole. Moins aisés que les Etats-Unis, les Européens n'ont pas «les mêmes marges de manoeuvre pour soutenir la croissance par des baisses d'impôts ou des injections d'argent public dans l'économie» précisait le ministre allemand des Finances, Hans Eichel. Les Américains, entre-temps, n'ont pas hésité à dépenser jusqu'à 120 milliards de dollars, dont 60 milliards en baisse d'impôts supplémentaires afin de minimiser la menace de récession. Devant de tels efforts, le Middle East Economic Survey, bulletin spécialisé, à paraître aujourd'hui, estime qu'une «option politique plus acceptable» pour l'Opep serait «un meilleur respect des quotas de production qui renforcera sa crédibilité sur le marché». Le bulletin reste donc sceptique quant à une décision émanant de l'Opep et portant sur une baisse immédiate de la production. Selon lui, «le mécanisme de la fourchette des prix de l'Opep a été conçu pour des circonstances normales du marché et non pour une situation d'effondrement de la demande liée à l'approche de frappes militaires». Des frappes qu'on dit imminentes mais qui, paradoxalement, tardent à venir, laissant le marché pétrolier sous pression et l'Opep dans l'embarras d'un choix difficile. Il s'agit de trouver vite une solution au problème et d'éviter un effondrement des prix sans pour autant amener les pays consommateurs à montrer du doigt le cartel et le rendre responsable de tous leurs maux. Reste à savoir comment?