La troupe hispano-maghrébine de musique et danse flamenco-andalouses, De Séville à Tunis, a animé samedi soir à Alger dans le cadre du 9e Festivalgérie, un concert aux couleurs et aux parfums de l'Andalousie, dans un métissage prolifique de musiques et de langues des deux rives de la Méditerranée. Difficile de trouver une place à la Salle Ibn Zeïdoun de l'Office Riadh El Feth où le public est venu nom-breux applaudir la troupe De Séville à Tunis, un projet artistique, dirigé par la chanteuse tunisienne Serine Ben Moussa regroupant des musiciens espagnols et maghrébins. Puisant son répertoire du patrimoine musical maghrébin, Sérine Ben Moussa, dont c'est la quatrième prestation en Algérie, a embarqué l'assistance, plus de deux heures durant, dans un voyage à travers le temps et les cultures, interprétant d'anciennes pièces du terroir culturel nord-africain, adaptées au style de musique flamenco. Rosa Angeles Garcia Clavijo, cantatrice à la voix rauque, assurant le chant dans la langue espagnole, a brillé par sa tessiture et sa puissance vocale, alors que Melisa Calero Caro, danseuse de flamenco a illustré par la grâce du mouvement et la beauté du geste, les envolées phrastiques du guitariste et ses accompagnements rythmiques incitant au déhanchement. La cohabitation concluante entre le qanun et de la derbouka, instruments traditionnels issus de la musique andalouse d'une part, et la guitare espagnole-très présente- et le cajon d'autre part, renseignait sur cette belle fusion qui comptait six musiciens. Les Algériens Abdellah Nedjar au piano, Mohammedi Sid Ali à la basse et Abderrahmane Khalfa au cajon et à la derbouka, ont particulièrement brillé de technique et de maîtrise. Les pièces, Djara Al Gheîthou, Ya Samra, Harramtou bik nouâassi, Achek memhoun, Salet demâa, Ya habib el qelb, Ichbiliya, Ya Tounès, Chahlet lâayani, Lamouni li gharou menni, Achek tofla andaloussiya, figurent dans le répertoire interprété, alternant avec des traductions également chantées. L'adaptation de chansons issues du terroir culturel maghrébin aux sonorités et aux rythmes flamenco, dans des arrangements savamment travaillés, a empreint le spectacle de hauteur, dans un esprit festif et plaisant, au grand plaisir d'un public qui s'est délecté et diverti. «La musique, le chant et la danse rapprochent et unissent les peuples, c'est tout simplement magnifique», a relevé une spectatrice. Chantant sur les rives de la diversité, et rendant hommage à la musique andalouse, Serine Ben Moussa redonne de la vigueur à ce lien musical qui a rattaché, des siècles durant, l'Ibérie et le Maghreb et entend véhiculer par ce beau métissage des genres «un message d'amour et de paix». Le 9e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes Festivalgérie, ouvert le 20 décembre dernier, se poursuit avec à l'affiche de l'avant-dernier soir, la troupe Tarab d'Iran, et les ensembles Mezdj de Marseille et Bezmara de Turquie.