ue se soit de Séville à Tunis ou de Grenade à Carthage, le tempo et le ton liant l'Andalou au Flamenco sont presque les mêmes nonobstant certaines différences somme toute logiques. Le tout donnant lieu à une fresque musicale hautes couleurs et de grandes saveurs méditerranéennes, que les organisateurs du 9e Festival de la musique andalouse et des musiques anciennes (Festivalgérie) ont proposé, samedi soir, à la salle Ibn Zeydoun (Riadh el-Feth, Oref) assiégée par une foule de mélomanes. Un hymne jovial chargé d'histoire que la jeune diva du Malouf Tunisien, Syrine Ben Moussa, s'est attelée d'entonner avec l'aide de la célèbre cantatrice espagnole, Rosa Ángeles García Clavijo, avec brio, malgré un air du déjà entendu marquant certains passages du récital. Deux heures durant, flanquées d'une bande de jeunes musiciens (Tunisiens, Algériens, Espagnols) à la touche pro, maniant à qui mieux mieux une instrumentalisation à la fois traditionnelle et moderne (Guitares électrique et sèche, synthé, piano, violon, Bendir et Derbouka) les deux femmes ont sublimé par leurs envolées lyriques, par leurs puissantes voix, mais aussi par les textes venus de temps révolus, une assistance qui n'en rêvait pas mieux. En témoignent les standings ovations en boucle et les youyous décrétant l'ambiance bon enfant qui a régné tout au long du spectacle. Dans une démonstration artistique d'envergure, Syrine, l'Arabo-Andalouse, et Rosa l'Ibère, ont sublimé avec une inspiration captivante d'Abenamar, fameuse romance du dialogue entre Juan II, roi de Castille, et Abenamar Yûsuf IV, émir de Grenade, en 1431, un demi-siècle avant la fin de l'Andalousie musulmane. Un dialogue que les deux divas ont façonné, chacune à sa manière, pour en faire une espèce de passerelle culturelle qui a lié les deux rives, malgré les tragédies de la Reconquista, de l'inquisition et de l'exode massif des Andalous vers une terre maghrébine qui les a accueillis les bras grands ouverts.