Où s'arrêtera la dégringolade du prix du baril de pétrole? Plus de 800 milliards de dollars ont été dépensés et après avoir asséché le baril on demande au simple citoyen de serrer la ceinture! Les inondations de Bab El Oued en 2001 nous ont enseigné l'importance d'un bulletin météo et l'utilité de nettoyer nos voiries, le séisme de Boumerdès, en 2003 nous a appris ce que coûte le non-respect des normes parasismiques dans nos constructions et le baril nous apprendra bien des choses... Elle nous attendent en 2015. Le regard braqué sur les fluctuations des prix du pétrole, les Algériens seront tous ou presque des experts en Bourse. C'est une bonne nouvelle mais est-elle suffisante face à la malédiction de l'or noir qui va nous tomber sur la tête? Où s'arrêtera la dégringolade du prix du baril? Comment contrecarrer cette chute vertigineuse du prix du pétrole qui en l'espace de six mois passe de 118 dollars à 53 dollars? Cette année 2015 s'annonce sous un ciel assombri par la crise pétrolière et les lendemains font peur pour le simple citoyen dans un pays dont l'économie est exclusivement basée sur les hydrocarbures. L'actuel gouvernement osera t-il dire la vérité aux Algériens? Dans un premier temps, le gouvernement tente de rassurer que les subventions ne seront pas touchées et les projet lancés, comme ceux du logement, seront terminés. On assure ensuite que le pays peut s'offrir encore trois années d'importations grâce à ses 193 milliards de dollars de réserves de change. Mais que se passera-t-il après? le déluge? le redressement? Mystère... Pour le moment nos gouvernants font preuve d'une terrible sécheresse d'idées. Ils n'ont de perspectives à court terme que l'espoir d'une reprise pétrolière d'ici les six mois à venir et à moyen terme, le recours au gaz de schiste pour perpétuer la rente pétrolière. On susurre à doses homéopathiques, l'idée d'un relèvement au niveau de la fiscalité ordinaire. C'est-à-dire toucher directement à la poche du simple salarié, du retraité, du petit commerçant du coin... Et c'est là le grand danger. Le gouvernement en place serait très mal inspiré par une pareille démarche. C'est mettre le feu aux poudres au sein d'une société qui a presque fait l'unanimité. «C'est eux (le gouvernement, Ndlr) qui ont géré l'opulence et c'est à eux de gérer aussi le temps des vaches maigres», disent les citoyens à l'unisson. On évoque le spectre des années 1980 quand l'Algérie a connu la même crise pétrolière pour convoquer, encore une fois, le patriotisme, la fierté et la dignité du peuple algérien qui, nous disent-ils, «de toute façon saura s'en sortir de cette épreuve». Hélas, nous ne sommes plus dans la conjoncture des années 1980. Au plan interne, l'Algérien de 2014 est totalement différent, par ses ambitions, ses aspirations, ses habitudes alimentaires, vestimentaires et ses réflexes. La société dont 50% de la population a moins de 30 ans, pétille. Ces jeunes n'ont connu ni la guerre de libération ni la guerre civile des années 1990. Né avec une cuillère d'argent à la bouche «la génération Ansej» a goûté aux plaisirs de la vie. Elle est avide de culture, de loisirs, de consommation. Détrompons-nous, cette génération est plus informée, avec les nouveaux moyens de communication dopés par l'Internet. Elle fait de la politique à sa manière. Les réseaux sociaux pullulent de réactions, de commentaires et d'appréciations des événements de l'actualité nationale et internationale. Des débats de fond et des questions fondamentales sur l'identité, l'école, le système de gouvernance sont abordés. Au plan externe, la conjoncture est plus compliquée. Au plan régional, l'Algérie est prise dans une ceinture de feu et son armée est sollicitée de partout. Le pays est entouré par sept frontières, dont la plupart, pour ne pas dire toutes, sont au rouge. Le Mali déstabilisé par le terrorisme, la Tunisie est toujours en convalescence après sa révolution, la Libye sombre dans le chaos et les relations avec le voisin marocain sont loin d'être apaisées. Sans compter qu'à ces fléaux s'ajoutent des réseaux de trafic de drogue et de contrebande transnationaux. Telle est la réalité du plus grand pays maghrébin et africain qui vient de fêter ses 52 années d'indépendance. Est-il le moment propice de soumettre cet Algérien à un régime d'austérité? Ce n'est pas sûr qu'il adhère à cette idée qui lui viendrait de gouvernants qui ne savent que dépenser l'argent de la rente. Un pays qui a tout pour réussir mais qui a échoué! Des terres immenses et fertiles, des ressources financières considérables, une diaspora qualifiée et très importante, l'Algérie avait tout pour prétendre à un destin de puissance politique et économique qui compte dans le monde mais voilà qu'elle fait un flop. Jamais l'Algérie n'a été aussi près d'une inévitable émergence. Aujourd'hui, elle peine à satisfaire sa production nationale en pomme de terre, elle est incapable d'offrir du lait à ses enfants. Elle importe absolument tout, y compris des carottes râpées, de la mayonnaise et des fleurs... plus de 800 milliards de dollars ont été dépensés et après avoir asséché le baril on demande au simple citoyen de serrer la ceinture!