Une légère baisse des prix du pétrole Alors qu'elles sont déjà en chute libre, les recettes pétrolières qui constituent l'essentiel des revenus en devises du pays (environ 97%) vont encore durement s'en ressentir. L'économie nationale est sous le coup de répliques ininterrompues d'un seïsme qui ne l'a pas encore ébranlé: la dégringolade des prix du pétrole. Les cours de l'or noir, pétrole, ont plongé hier sous la barre des 100 dollars à Londres. Leur plus bas niveau depuis le 24 juin 2013. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre affichait 99,82 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une perte de 1 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Vers 08h30 GMT, il a chuté jusqu'à 99,76 dollars. Alors que de son côté le baril de Light Sweet Crude (WTI) côté à New York subissait la même sentence. Pour la même échéance il perdait 85 cents à 92,44 dollars dans les échanges électroniques. Atteignant les 92,37 dollars. Son minimum depuis huit mois. Un nouveau coup de semonce pour l'Algérie! Il ne sera pas sans répercussions pour l'économie nationale. Les stigmates sont là. Les murs de la maison Algérie commencent à être lézardés. La balance commerciale a accusé un déficit de près de 50% en 2013. Une contre-performance due au seul recul des importations des hydrocarbures combinées à une baisse des prix du pétrole. La balance commerciale qui a accusé un déficit de près de 50% en 2013 a également connu une contraction durant les trois premiers mois de 2014. Elle s'est établie à 1,84 milliard de dollars contre 3,78 milliards à la même période de 2013. Ainsi, les exportations algériennes ont atteint 15,92 milliards de dollars au premier trimestre de l'année en cours, dont 15,57 milliards représentant des exportations en hydrocarbures, contre 17,99 milliards de dollars à la même période de 2013 (dont 17,66 milliards de dollars d'hydrocarbures) indiquent des statistiques publiées le 09 août dernier par la Banque d'Algérie. Les recettes générées par les exportations d'hydrocarbures ont donc baissé de plus de 2 milliards de dollars durant les trois premiers mois de 2014 par rapport à la même période en 2013. C'est à se demander si certains projets du Plan de développement économique (2014-2019) auquel a été consacrée une enveloppe de plus de 260 milliards de dollars ne se seront pas compromis? Le gouvernement doit-il revoir sa copie? L'Etat doit-il réduire son train de vie? Autant de questions qui sont légitimées par la suppression de l'article 87 bis du Code du travail qui devrait induire des augmentations de salaires qui doivent toucher une majorité de travailleurs. Son coût a été estimé à plus de 10 milliards de dollars. «Sur la base des indications les plus récentes concernant la masse salariale à fin 2012» les incidences financières d'une abrogation de l'article 87 bis doivent se situer dans une fourchette allant «de 9 à 11 milliards de dollars en rythme annuel» avait estimé Aderrahmane Mebtoul, professeur des Universités, expert International en management stratégique. L'Algérie pourra-t-elle supporter des dépenses colossales de ce type dans une conjoncture pétrolière aussi défavorable? «Il faut être très prudent sur les salaires, parce que si on va au-delà, on met en difficulté l'avenir de nos équilibres budgétaires» avait déclaré, le 9 mai 2013, l'ex-ministre des Finances Karim Djoudi, en marge d'une séance de questions orales à l'Assemblée populaire nationale. «Notre économie traverse un moment crucial parce qu'elle va devoir basculer d'une demande publique à une demande privée, ménages-entreprises, voire exportations, qui tire la croissance. Il s'agit de passer d'une économie quasiment de rente à une économie de production» avait souligné l'ancien grand argentier du pays. L'Algérie attend toujours ce moment historique: s'affranchir de la rente pétrolière. «Attention donc à la dérive salariale mais également au gonflement démesuré des rentes spéculatives devant concilier efficacité économique et justice sociale, avec un sacrifice partagé si on veut mobiliser la population algérienne pour un développent durable», avait averti Aderrahmane Mebtoul. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait prévenu la Banque d'Algérie dans un rapport présenté par Djamel Benbelkacem, son directeur-conseiller, au début du mois de juillet 2012. Une alerte qu'il faut prendre très au sérieux aujourdh'hui... Avant qu'il ne soit trop tard!