Un «travail» de professionnels Les tueurs ont semblé suivre des consignes données notamment par le groupe Etat islamique (EI), contre lequel la France est engagée militairement en Irak. Choquée, horrifiée, la communauté internationale s'est montrée solidaire de la France qui vient de subir une attaque terroriste au coeur de sa capitale, comme cela était le cas le 11 septembre 2001 quand l'Amérique a subi la plus effroyable et spectaculaire attaque terroriste. Dans un cas comme dans l'autre, les terroristes agissaient en représailles. Pour le cas de l'attaque contre Charlie hebdo, il était évident que ce journal satirique soit la cible d'extrémistes islamistes. Les tueurs criaient «Allah Ou Akbar» et disaient vouloir venger le Prophète (Qssssl).» Les tueurs ont semblé suivre des consignes données notamment par le groupe Etat islamique (EI), contre lequel la France est engagée militairement en Irak. En participant à une action armée en Syrie, la France s'est exposée à des représailles terroristes. De nombreux experts ont alerté l'opinion sur ce genre de réactions. Les autorités américaines étaient convaincues que l'Etat islamique tentera d'agir aux Etats-Unis ou en France en représailles de leurs frappes en Syrie, selon le patron du FBI. «Il n'y a aucun doute», a déclaré le directeur du FBI James Comey. Des sources sécuritaires rapportent qu'au moins une quinzaine d'attentats ont été déjoués en France depuis ces trois dernières années grâce à la collaboration entre les services de sécurité algériens et français. Les djihadistes de l'EI «veulent faire quelque chose en représailles aux actions de l'Amérique et de ses alliés [...]. Je suis certain qu'ils désirent trouver un moyen de frapper ici», a-t-il assuré aux journalistes. Pour sa part, Gilles Kepel, spécialiste de l'islam et du Monde arabe contemporain avertit que «s'il y a des frappes, il y aura des réactions». M Kepel ajoute: «Les attaques auront, dans un premier temps, probablement lieu contre les intérêts occidentaux à l'étranger. Le Quai d'Orsay protège d'ailleurs aujourd'hui beaucoup plus de diplomates qu'autrefois», a insisté M Kepel. Les prémices de ces représailles ont déjà commencé avec la prise d'otages dont Hervel Gourdel, un randonneur français, enlevé à Tizi Ouzou en Kabylie par «Jund al-Khilafa», lié aux djihadistes de l'organisation Etat islamique. Le groupe terroriste, qui menaçait de l'exécuter si la France ne cesse pas ses frappes contre Daesh, a diffusé le 24 septembre 2014 une vidéo où il annonçait qu'il décapiterait l'otage. Ainsi, si jusque-là des attaques sur le sol français restaient peu probables, les otages et les intérêts français au Maghreb et dans les pays du Sahel étaient plus vulnérables. Dans un contexte de montée sans précédent de l'islamophobie en France, de nombreux forums djihadistes, des exhortations, y compris individuelles, à frapper la France. Le danger est d'autant plus grand que la France fournit le plus gros bataillon de djihadistes occidentaux, loin devant le Royaume-Uni (400 djihadistes), l'Allemagne (270) et la Belgique (250). «930 ressortissants français ou étrangers résidant habituellement en France sont aujourd'hui impliqués dans le djihad en Syrie et en Irak» déclare Bernard Cazeneuve au JDD. «Trois cent cinquante sont sur place, dont 60 femmes. Environ 180 sont repartis de Syrie et 170 sont en transit vers la zone. 230 ont exprimé des velléités de départ. À ce total de 930 s'ajoutent 36 personnes décédées là-bas» affirme le ministre de l'Intérieur au JDD. «Voilà la réalité», ajoute-t-il. Une terrible réalité qui s'est traduite par l'action «professionnelle» menée hier au coeur de Paris. Des hommes aguerris, entraînés et au sang-froid. Le mode opératoire des tueurs impliqués dans l'attentat contre l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, leur calme, leur détermination et leur efficacité, est la marque d'hommes ayant subi un entraînement poussé, de type militaire, selon des sources policières. Les images, prises sur leurs téléphones portables par des témoins de l'attaque, montrent le professionnalisme des assaillants qui ont mené une attaque soigneusement planifiée, soulignent un ancien membre d'un service de protection rapprochée. «On le voit clairement à la façon dont ils tiennent leurs armes, dont ils progressent calmement, froidement. Ils ont forcément reçu une formation de type militaire.»