Les Algériens attendent toujours la nouvelle Constitution Alors que toute la classe politique attend avec impatience de découvrir la nouvelle loi fondamentale, le contenu n'est toujours pas ficelé. C'est constamment en chantier. La mouture finale de la future Constitution n'est pas encore prête. Sept mois après la fin des consultations menées par le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, le projet de révision de la Constitution vient d'être entamé. «La rédaction du rapport final a débuté il y a quelques jours», a confié à L'Expression une source proche de la Présidence qui assure que «les travaux sont toujours en cours.» Cette déclaration vient de jeter un véritable pavé dans la mare et ouvre la voie aux spéculations. Prévu probablement pour le mois d'avril prochain, le projet traîne inlassablement le pas. Pourquoi ce retard? Y a-t-il des blocages? Alors que toute la classe politique attend avec impatience de découvrir la nouvelle loi fondamentale, le contenu n'est toujours pas ficelé. Le pouvoir tente de gagner du temps dans l'espoir de voir d'autres parties contribuer à ce projet. La demande faite jeudi par le président du TAJ à l'adresse du FFS explique parfaitement que le pouvoir veut saisir l'occasion de la conférence du consensus national pour en tirer plus de consensus. «Cette initiative doit également compléter le projet de révision de la Constitution pour qu'il y ait plus de consensus», a affirmé Amar Ghoul jeudi lors d'une rencontre avec l'état-major du FFS. Une déclaration qui traduit sérieusement le souci du pouvoir qui n'a pas pu rallier toute la classe politique autour de son projet. Voulant à tout prix qu'il soit une démarche consensuelle, le chef de l'Etat a invité à plusieurs reprises tous les partis à participer à l'élaboration de ce chantier. Dans son dernier message à l'issue du Conseil des ministres, le chef de l'Etat a même donné des gages. «Le projet de révision de la loi fondamentale n'est pas au service d'un pouvoir ou d'un régime mais ambitionne, au contraire, de consolider les libertés et la démocratie», a-t-il dit en guise de convaincre l'opposition. Pour lui, le texte doit renforcer non seulement l'indépendance de la justice et les libertés, mais aussi «la place de l'opposition politique, dès lors qu'il s'agit, par la voie démocratique, de réguler la compétition et même la contestation politiques». Le chef de l'Etat avait réitéré encore une fois que «la porte demeure ouverte devant ceux qui ne se sont pas encore associés à cette consultation qui reflète l'esprit même de la démocratie et qui est menée dans le respect des différences». Les parties de la coalition ont même fait de cette question leur cheval de bataille. Le FLN, le RND et TAJ ne ratent jamais l'occasion pour inviter les autres partis au dialogue. Or, malgré les assurances et les invitations à l'adresse de l'opposition, celle-ci campe sur son refus de participer à l'enrichissement de ce projet ce qui menace de compromettre l'ambition du chef de l'Etat. Pourquoi on insiste tant sur le consensus? Le chef de l'Etat avait expliqué, dans un message envoyé à la conférence scientifique africaine sur «l'évolution du droit constitutionnel en Afrique», que l'objectif était de «dégager un consensus autour des questions fondamentales et garantir l'efficacité des nouvelles dispositions constitutionnelles». «Il est clair que l'objectif visé est de faciliter le processus d'ouverture de la société algérienne, en oeuvrant à la préservation de sa stabilité et en lui épargnant les perturbations que connaissent différents pays du monde en cette ère marquée par de profondes mutations», avait souligné le président de la République. Par ailleurs, il faut relever que la voie d'adoption du projet en question ne fait pas l'unanimité, même au sein du clan présidentiel. Alors que le secrétaire général du parti majoritaire plaide haut et fort pour l'option parlementaire, le TAJ est partisan du recours à la volonté du peuple. «Il faut donner la parole au peuple qui est le seul habilité à se prononcer sur ce sujet», insiste M.Ghoul dans chaque sortie médiatique. Un avis partagé par plusieurs formations telles que le Parti des travailleurs. Lors de la cérémonie de clôture, le président du Sénat Abdelkader Bensalah, a indirectement demandé l'adoption du projet par voie parlementaire. En tout cas, le projet, qui fait trop parler de lui, va encore faire couler beaucoup d'encre.