Décidément, les films sur la guerre en Irak font recette. Pour de nombreux réalisateurs américains et pour les majors, ces films sont bancables et pourtant, les USA n'ont pas gagné la guerre en Irak et sont sortis presque traumatisés comme au Vietnam. Le dernier film en date, American Sniper, s'annonce comme le plus grand succès avec près de 300 millions de dollars de recettes sur le marché américain. A 84 ans, Clint Eastwood a réussi à faire un film commercial (quatre nominations aux Oscars) sur la guerre en Irak. Basé sur la véritable histoire du soldat d'élite Chris Kyle, dont le tableau de chasse s'élève à plus de 255 Irakiens. Le film est présenté comme le représentant du camp «patriotique» qui avait soutenu l'invasion de 2003. La mort du «sniper», abattu à 38 ans par un soldat atteint de stress post-traumatique, a donné une aura à celui que ses camarades appelaient déjà «Légende» de son vivant. Ça sera le film le plus attendu lors de la soirée des Oscars. Avant lui, deux films ont réussi à s'imposer comme des oeuvres artistiques dans une guerre où l'Amérique est présentée comme un envahisseur. Mais American sniper n'est pas le premier film sur la présence américaine en Irak. Plusieurs films tournés pour la plupart au Maroc et en Jordanie, ont fait les beaux jours de Hollywood. C'est le cas notamment du film Démineurs (The Hurt Locker) réalisé en 2008 par l'ex-femme de James Cameron, Kathryn Bigelow et qui avait remporté six Oscars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur (une première dans l'histoire de la manifestation pour une femme). Kathryn Bigelow signera un deuxième film de guerre sur l'élimination de Oussama Ben Laden, le chef de d'Al Qaîda, intitulé Zero Dark Thirty en 2013. Il y a eu également Redacted (2007), réalisé par Brian De Palma, Battle for Haditha mis en scène par Nick Broomfield, ou Green Zone réalisé en 2010 de Paul Greengrass et The Messenger (2008) film de Oren Moverman. Ainsi, une quinzaine de films ont été ainsi réalisés sur cette implication des Américains en Irak ou en Afghanistan. Interrogé sur ce choix politique pour un film taxé d'anti-musulman, le réalisateur et producteur Clint Eastwood a déclaré: «Je n'étais pas un grand partisan de la guerre en Irak. A l'époque, je me disais, 'Saddam Hussein est un type horrible mais il y a tellement de pays qui sont dirigés par un bad guy: on sait quand on commence mais quand est-ce qu'on s'arrête?''. C'était pareil pour l'Afghanistan: les Britanniques ont essayé d'intervenir il y a longtemps et ils n'ont pas réussi. Les Russes l'ont tenté pendant dix ans, et ça n'a pas marché non plus. Et eux, ils avaient moins de problèmes d'accès que nous, qui avons dû payer un pays qui ne nous aime pas comme le Pakistan 1 milliard de dollars par an pour transiter par son territoire.» C'est ce qui fait d'American Sniper un film à succès. Il profite d'une forte exposition médiatique due aux Oscars pour s'attaquer au haut du classement. Le film de guerre porté par Bradley Cooper (nommé à l'Oscar du meilleur acteur pour ce rôle) a engrangé 90 millions de dollars en un seul week-end. C'est le meilleur démarrage pour Clint Eastwood en tant que réalisateur, son dernier gros succès étant Gran Torino, sorti fin 2008, avec 29,5 millions de dollars. American Sniper est sorti sur les écrans français le 18 février, il tombe au moment où deux films critiquant les islamistes sont déprogrammés des grandes salles. [email protected]