́ ́Le film crée la forte impression que les techniques d'interrogatoire renforcées, qui faisaient partie de notre ancien programme de détention et d'interrogation, ont été des éléments clés pour trouver Ben Laden. Cette impression est erronée ́ ́. Le directeur de la CIA Michael Morell A quelques jours seulement de la fin de prise d'otages d'In Amenas, Paris projette dans les salles le film sur la traque d'Oussama Ben Laden, Zero Dark Thirty réalisé par Kathryn Bigelow. Si jusque là rien de spécial à signaler, on retiendra que la réalisatrice qui avait été la première femme à remporter l'Oscar du meilleur réalisateur pour «Démineurs» et ex-femme de James Cameron, a mis en vedette une femme pour traquer Ben Laden. A 61 ans, la cinéaste qui a remporté plusieurs Oscars en 2010 avec «Démineurs», est d'ailleurs en lice cette année avec cinq nominations, dont celle de la meilleure actrice pour Jessica Chastain qui joue une analyste de la CIA, obsédée par la capture de Ben Laden. Même si le personnage est réel et qu'il est toujours en activité aujourd'hui comme agent infiltré, on s'étonne que la réalisatrice ait choisi de mettre en vedette une femme et non pas le chef des armées, le chef de la CIA ou encore le président Obama qui ordonna l'attaque à l'époque. Sorti aux Etats-Unis fin décembre, Zero Dark Thirty, minuit trente, dans le langage de l'US Army, l'heure où a eu l'attaque contre Ben Laden, est en tête du box-office depuis deux semaines avec plus de 60 millions de dollars de recettes. Un résultat satisfaisant pour un film d'espionnage et d'action avec pas trop d'effets et soigneusement maîtrisé comme documentaire. Le film est salué par la presse américaine, pour le traitement exceptionnel d'un sujet ultrasensible mais aussi décrié par les proches de la CIA et de plusieurs parlementaires, qui l'accusent de faire l'apologie de la torture. Mais la polémique n'a pas empêché Jessica Chastain de remporter le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique. Le film qui était nominé dans quatre catégories, il n'en a remporté qu'un seul prix. C'est un mauvais présage avant les Oscars. Il n'est pas sûr que Kathryn Bigelow réédite son exploit de 2010, quand elle a battu le recordman du Box-office avec Avatar. L'Académie des Oscars est chauvine mais quand il s'agit de faire le choix entre un film sur Ben Laden et un autre sur Lincoln, le choix est déjà fait. Surtout après qu'un membre de l'Académie des arts et sciences du cinéma, qui décerne les Oscars, ait publié récemment une tribune pour annoncer qu'il ne voterait pas pour le film ni pour son équipe. Ce qu'on reproche à Kathryn Bigelow, c'est son opportunisme avéré et sa volonté de ne faire des films que sur les forces armées. Après «Démineurs» sur l'Irak, elle a attaqué avec Ben Laden au Pakistan et Afghanistan. Car Kathryn Bigelow a commencé à bosser sur ce projet avec son scénariste et producteur Mark Boal, avant la mise à mort par les Navy Seals d'Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011, au Pakistan. Et cette histoire de la recherche de Ben Laden qui s'enfuit d'Afghanistan, protégé derrière un réseau byzantin pour lequel il a fallu des années pour le démanteler, est un peu tiré par les cheveux. De même, il est probable que les attaques contre le film ont joué un rôle dans l'absence de Kathryn Bigelow de la liste des nominés à l'Oscar du meilleur réalisateur, ce qui a surpris toute la profession, tant les qualités du film relèvent précisément d'un choix de réalisation. Le film reste en lice dans cinq catégories, dont celle du meilleur film. [email protected]