Un autre attentat de même nature viderait totalement la Tunisie de ses touristes On voit mal les capitales occidentales conseiller à leurs ressortissants de ne pas abandonner leurs projets de vacances en Tunisie, en signe de soutien avec le peuple tunisien. Les terroristes ont frappé au coeur de l'économie tunisienne. Il faut savoir que ce pays tire plus de 25% de ses ressources du tourisme. La mort violente d'autant de touristes de nationalités différentes, sans oublier les nombreux blessés, vaut une catastrophe majeure pour un secteur vital de l'économie tunisienne. Les effets du carnage du Bardo se ressentiront encore longtemps dans le corp social tunisien. L'onde de choc d'abord humaine, est aussi de nature éminemment économique. Le pays qui commençait à peine à se redresser pour devenir l'une des destinations phares du tourisme international en Afrique du Nord, notamment après avoir réussi une parfaite transition démocratique, replongera, à n'en pas douter, dans les affres d'un secteur touristique léthargique, déficitaire et certainement pourvoyeur de nombreux chômeurs à plus ou moins courte échéance. Et pour cause, en cette saison printanière où l'industrie touristique commence habituellement à recenser les demandes de clients internationaux, notamment occidentaux, l'attaque terroriste aura pour effet de refroidir les ardeurs des voyagistes. Nombreux effaceront la destination Tunisie de leurs agendas pour la prochaine saison estivale. Plus qu'une certitude, le scénario d'un été à blanc pour la Tunisie est inéluctable en raison de la proximité dans le temps entre l'attentat du musée du Bardo et le début de la haute saison touristique. L'impact sur la machine économique est donc immense, d'autant qu'on voit mal les capitales occidentales aller à contre-courant de leur «frilosité» habituelle et conseiller à leurs ressortissants de ne pas abandonner leurs projets de vacances en Tunisie, en signe de soutien avec le peuple tunisien. L'on aura sans doute des réactions catastrophées des officiels européens, des marques de solidarité, des promesses de soutien financier, mais cela ne dépassera pas le stade des intentions. Autant dire que sur la gestion des conséquences économiques de ce terrible attentat, la Tunisie ne pourra compter que sur elle-même. Or, sans une volonté clairement exprimée de la part des pays fournisseurs en touristes, il est impossible de remonter la pente à plus ou moins moyenne échéance. Pis encore, la crainte d'autres attentats est très présente, sachant qu'un véritable contingent de terroristes de retour de Syrie est prêt à passer à l'action. Pareille perspective, que les observateurs n'écartent malheureusement pas, aura pour conséquence directe de porter un coup très dur au tourisme tunisien. Un autre attentat de même nature viderait totalement la Tunisie de ses touristes. Les services de sécurité, sur les épaules desquels repose paradoxalement l'avenir d'un important pan de l'économie tunisienne, seront sur les dents sur une très longue période. En effet, il semble que le phénomène terroriste se soit sérieusement installé dans ce pays, obligeant, de fait, les autorités à compter avec dans le déroulement de toute stratégie économique future. Le vrai scénario catastrophe serait que les terroristes tunisiens appliquent la même démarche que les hordes du GIA ou du Gspc. La politique de la terre brûlée, accompagnée par des attentats ciblant les hommes d'affaires étrangers et nationaux. Le harcèlement meurtrier de la sphère économique du pays, comme seconde phase de la stratégie terroriste, accablerait plus lourdement le tissu industriel tunisien dont les investissements dans la petite industrie commencent à reprendre timidement. En d'autres termes, la jeune démocratie aborde une étape très cruciale et devra se battre pour la survie de la nation.