C'est à la veille de la célébration du 59e anniversaire de la fête nationale que la Tunisie soeur a été cruellement frappée, en son coeur, par un odieux attentat terroriste qui a ciblé un temple de la culture, le musée du Bardo, où 20 touristes étrangers et 2 citoyens tunisiens ont été froidement assassinés. C'est au moment où la Tunisie commençait à émerger de la tourmente du printemps arabe, élisant démocratiquement une Assemblée des représentants du peuple, adoptant une nouvelle Constitution et choisissant un président de la République garant de la sécurité, de la stabilité et du développement du pays, qu'elle est la cible d'une agression terrible par son horreur et ses conséquences. Si la source du mal est toute indiquée, les groupes terroristes comme Ansar al Chariaâ ayant fait leur allégeance à l'EI et l'EI, qui a depuis longtemps fait son nid en Libye, ayant sans cesse manifesté son désir de frapper les pays voisins dont la Tunisie et l'Algérie, le choix et la nature de l'acte terroriste ne laissent aucun doute quant aux objectifs visés par les auteurs. En tentant de s'introduire dans les lieux même du Parlement tunisien puis en se rabattant sur le musée du Bardo où 200 touristes étrangers innocents effectuaient une visite ordinaire, les terroristes ont, en vérité, visé les attributs majeurs de l'économie tunisienne, conscients de l'impact gravissime de cet acte sur le tourisme et sur l'attractivité du pays pour les investisseurs occidentaux. L'Algérie a aussitôt «condamné énergiquement» cet attentat et exprimé sa «solidarité absolue et inconditionnelle» avec la Tunisie soeur, ajoutant que cet acte odieux «n'atteindra, en aucun cas, l'objectif recherché par les auteurs et commanditaires de déstabiliser la Tunisie soeur». La blessure infligée au peuple tunisien est ressentie avec la même douleur par le peuple algérien, conscient des liens séculaires de fraternité et de solidarité qu'aucune épreuve n'a pu altérer au fil des décennies. L'Algérie partage le deuil de la Tunisie qu'elle a soutenue et secondée dans sa quête récente de sortie de crise et elle n'hésitera pas «à poursuivre son soutien aux efforts des autorités tunisiennes pour faire face à tous les défis, y compris sécuritaires et avant tout pour éradiquer le terrorisme», comme l'a énoncé le ministère des Affaires étrangères. Car il y va de la sécurité non seulement des deux peuples mais de l'ensemble de la région maghrébine, d'une part, et de l'ensemble des pays riverains de la Méditerranée, d'autre part. Certains doivent prendre conscience, aujourd'hui plus que jamais, de la vraie dimension de la menace dont ils appréhendent la nature par la petite lorgnette des intérêts économiques alors que le danger va grandissant. En cherchant à s'attaquer aux élus de l'Assemblée, les terroristes voulaient certes s'attaquer au peuple qui les a choisis. Mais le choix des touristes étrangers est également un message qui impacte des jours terribles pour la Tunisie tout entière. Car la lutte contre les groupes terroristes va durer longtemps et induira de grands sacrifices, affectant d'abord les Tunisiens mais aussi les Algériens qui leur sont tellement proches. Pour mener ce combat qui requiert des moyens appropriés et une expérience conséquente, la Tunisie, une fois pansées ses plaies, devra nécessairement accroître sa coopération, surtout sécuritaire, avec l'Algérie, face aux nuages de plus en plus sombres qui viennent de la Libye voisine dont rien n'indique qu'ils ne vont pas susciter de violentes tempêtes...