Laurent Fabius et Ramtane Lamamra à l'issue du tête-à-tête qu'ils ont eu hier La visite du ministre des Affaires étrangères à Paris est la première étape d'une mission qui le mènera également à Washington. La lune de miel entre Alger et Paris semble durer dans le temps et l'on ne voit pas à l'horizon un quelconque nuage. Les propos tenus par Laurent Fabius et Ramtane Lamamra, hier à Paris, à l'issue d'un tête-à-tête qu'ils ont eu, montre une convergence de vues jamais constatée entre les deux capitales sur l'ensemble des questions bilatérales et internationales. Sur des sujets où, traditionnellement, les deux pays divergent à l'exemple de la question palestinienne, le ministre algérien dit avoir apprécié les initiatives de Laurent Fabius qu'il «s'emploie à promouvoir au sein du Conseil de sécurité de l'ONU», a fait remarquer Ramtane Lamamra, non sans constater que l'approche française sur ce dossier rejoignait «parfaitement les résultats du sommet arabe tenu récemment à Charm El-Cheikh». Une entente plutôt surprenante, sachant les positions de principe de l'Algérie sur le dossier. L'on notera tout de même que le sujet qui «fâche» et qui est en rapport avec les positions belliqueuses de la France sur la question du Sahara occidental n'a pas été abordé. Il faut croire qu'Alger et Paris en sont encore à évoquer les points qui rapprochent les deux diplomaties. Sur ce, le dossier malien est l'un des grands points de convergence et cela s'est bien vu dans l'enthousiasme du ministre français. «Nous soutenons totalement la médiation de l'Algérie. C'est une médiation extrêmement utile qui donne ses fruits», a précisé Laurent Fabius. Plus prudent sur le dossier libyen, le ministre français des Affaires étrangères a évité de parler de l'initiative d'Alger, se contentant d'afficher son soutien à l'envoyé spécial de l'ONU dans ce pays. «Il faut arriver à créer rapidement un gouvernement d'union nationale qui sera doté d'une légitimité et permet à ce pays d'avancer», a relevé Laurent Fabius, comme pour mettre en avant le point commun de la démarche d'Alger et de Paris. Il reste que «les efforts, qui sont menés de bonne volonté par les uns et les autres, sont toujours utiles, mais doivent converger vers l'émissaire onusien pour faire la synthèse de tout cela», a souligné le ministre. Ramtane Lamamra résume son propos par une phrase courte et concise: «Nous avons évoqué les crises au Mali, en Libye et la menace terroriste dans cette région. Nous sommes en parfait accord.» Il y a dans les propos des deux ministres, autant de volonté de ne pas heurter l'autre que de détermination à construire une relation privilégiée qui parvienne le plus vite possible au point de non-retour. «A chacune de nos rencontres à tous les niveaux, nous ajoutons une pierre dans l'édifice du partenariat d'exception que les présidents Abdelaziz Bouteflika et François Hollande ont décidé de construire entre les deux pays», a indiqué Ramtane Lamamra. Cette visite du ministre des Affaires étrangères qui intervient en préparation d'un déplacement de son homologue français à Alger, accompagné de Emmanuel Macron, «ministre-vedette» du gouvernement Valls, pour s'arrêter sur les avancées réalisées par le Comité économique mixte algéro-français, est la première étape d'une mission qui le mènera également à Washington. Si les relations algéro-américaines sont d'une autre nature, il reste que leur caractère stratégique est affirmé et leur densité est de plus en plus évidente. Au plan économique, les Etats-Unis renforcent leur présence dans l'économie nationale et la diversifient. La récente mission d'une délégation d'hommes d'affaires américains témoigne de l'intérêt que porte désormais l'hyperpuissance au partenariat avec l'Algérie. Au plan diplomatique, il y a lieu de relever le soutien total apporté par les USA à l'Algérie dans le dialogue inter-malien et inter-libyen. La visite de Lamamra dans ce pays permettra en principe de consolider les relations et, pourquoi pas, atteindre le fameux point de non-retour.