Par cette franche mise au point, Mme Hanoune affiche indirectement son différend avec une partie de l'opposition. Louisa Hanoune va à l'encontre d'un principe que défend l'opposition en affirment que le principe de la limitation des mandats présidentiels est «une mascarade». Dans une allocution faite hier à l'ouverture d'une session du bureau politique du Parti des travailleurs, Mme Hanoune qui défend le principe d'une deuxième République, refuse de «tomber» dans la caricature occidentaliste qui juge de la crédibilité d'un système politique à la seule alternance à la tête de l'institution présidentielle. La pasionaria de la scène politique nationale note dans son intervention que «la réforme profonde ne saurait se faire sans indépendance de la justice, sans officialisation de la langue amazighe et sans séparation des pouvoirs». Ce sont là, estime la secrétaire générale du PT, les véritables leviers d'une Constitution démocratique et non pas les aspects cosmétiques que les Occidentaux tentent de vendre aux «démocraties naissantes». En fait, par cette franche mise au point, Mme Hanoun affiche indirectement son différend avec une partie de l'opposition, laquelle oriente toute son action sur le départ qu'elle voudrait prématuré du président de la République. Pour la secrétaire générale du PT, le problème n'est pas de changer le personnel politique, mais d'associer tout le peuple dans la dynamique politique qu'elle voudrait véritablement démocratique. Aussi, assure-t-elle, «il est temps, un an après la présidentielle, de libérer le projet de révision de la Constitution et de le soumettre au peuple qui a prouvé sa capacité à faire face à tous les dangers et affirmé sa maturité et sa disponibilité à assumer ses responsabilités». Louisa Hanoune ne croit pas du tout à un changement par voie parlementaire, outre que cela suppose un certain déficit démocratique, l'institution législative est, à ses yeux, illégitime. Pour elle, le Parlement, avec ses deux chambres, a «perdu de sa crédibilité du fait de la fraude». Sans trop s'attarder sur les autres aspects qui devraient faire l'ossature de la nouvelle Constitution, la secrétaire générale du PT tire sur le Conseil de la nation, ne voyant pas l'intérêt d'un Parlement bicéphale. Mais au-delà des détails relatifs aux équilibres des pouvoirs, Mme Hanoune semble compter énormément sur le président de la République pour provoquer l'avènement d'une seconde République qui romprait avec l'actuel régime. Le président de la République peut «saisir l'occasion de la révision de la Constitution pour passer à la deuxième République et démocratiser l'actuel régime», a signalé la militante trotskiste. Avant cela, Mme Hanoune appelle à des élections législatives anticipées, arguant que «la réforme politique profonde et le découpage administratif n'auront aucun sens, en l'absence de législatives anticipées et d'un véritable remaniement ministériel».