Tizi Ouzou vit depuis le 18 avril au rythme du mois du patrimoine. Une période durant laquelle les projecteurs seront braqués sur les richesses culturelles de la wilaya. Des trésors à mettre en valeur et d'autres à protéger des aléas de la nature et surtout des activités quotidiennes de l'homme. Mais le mois du patrimoine serait un échec si la sonnette d'alarme n'a pas été tirée sur un massacre qui continue dans le silence et l'impunité totale. Treize variantes de la langue amazighe sont en danger d'extinction à travers l'Algérie. l'Unesco, dans son rapport annuel cite, dans son Atlas des langues en danger, le Korendjé, avec 5000 locuteurs dans la région de Tabelbala, le tamacheq langue des touareg algériens du Hoggar, du Tassili parlé par environ 120.000 locuteurs, le tidikelt, avec 50.000 locuteurs à In Salah, le chenoui utilisé encore par uniquement 20.000 habitants de Tipaza, Cherchell et Ténès et à Tagouraït, tagargrant, avec 15.000 locuteurs à Touggourt et Ouargla, le zenatia de l'Ouarsenis à Tissemsilt, le blidéen des monts de l'Atlas et ainsi que le senoussi de la montagne des Béni Snous et le chleha du village de Boussaïd et le tamazight d'Arzew. Ce mois du patrimoine ne servirait absolument à rien si justement rien n'est fait pour venir au secours de ces parlers berbères qui subissent un véritable massacre au quotidien. D'aucuns s'interrogent sur l'absence de mobilisation de spécialistes pour sauver ces variantes du moins pour travailler à sensibiliser les locuteurs et leur faire prendre conscience de l'importance de préserver sa langue. Des spécialistes et connaisseurs approchés préconisent qu'un large débat soit enclenché, en dehors des instances officielles, pour inciter à l'enseignement des langues maternelles. Seule option à même d'endiguer la disparition de ces parlers. Par ailleurs, le mois du patrimoine devrait aussi servir d'opportunité pour faire remonter à la surface des trésors d'histoire qui ne sont pas encore objets d'études dans la région de Kabylie. Les habitants du flanc Nord évoquent souvent dans les discussions les traces d'un mur géant sans que personne ne puisse expliquer son existence. Il semblerait que les vestiges de ce mur se retrouvent dans la région de Déllys, sur le littoral de Boumerdes à l'ouest et Yakouren vers l'est. Certaines voix évoquent des fortifications construites à l'époque romaine. Inconscients de l'importance de la préservation de ces vestiges, les habitants de la région ont utilisé les pierres dans les constructions de maisons et autres petites murailles. Actuellement, le mur n'est encore existant que sous forme de ruines là où les forêts sont denses. Enfin, en attendant de servir à sauver ces langues et ses trésors cachés, il est incontestable que le mois du patrimoine est l'occasion de soulever beaucoup de questions existentielles.