Photo : S. Zoheir De notre envoyé spécial à Tamanrasset Abderrahmane Semmar Les manifestations du 1er Festival international des arts de l'Ahaggar se sont terminées, samedi dernier, en beauté à Abalessa. Les vibrations du tindé d'Ihrir, les chants déclamés du poète Mesbahi, les voix mystiques d'El Maya de Beni Abbès et les danses séculaires du groupe targui Issakata ont fait «trembler» de joie un public nombreux venu de plusieurs localités environnantes d'Abalessa, souvent à pied en parcourant même une dizaine de kilomètres et ce, rien que pour fêter comme il se doit cette dernière soirée de cet inoubliable festival. Un festival qui aura, à coup sûr, marqué les esprits des habitants de la région, lesquels ont pu échapper durant cinq jours de leur spleen routinier.Un spleen qui a été dissipé grâce à la fraîcheur, au talent, à l'enthousiasme et au souffle musical de plusieurs troupes invitées à ce festival pour faire connaître leur musique. On citera à ce propos El Maya de Beni Abbès dont les usiciens ont fait tout simplement honneur aux chants et percussions du désert. Cette formation musicale reprend les chants traditionnels de la Saoura en s'accompagnant de percussions : bendir, derbouka et karkabou. La formation de Tadjeknt de Tindouf n'est pas passée inaperçue également au cours de la soirée de clôture. Ce groupe composé de femmes et d'hommes a créé une ambiance de folie à Abalessa grâce à leurs chants et leurs danses folkloriques venus des tréfonds du désert de Tindouf. Une ambiance qui a fait sortir le désert de sa torpeur légendaire. Une ambiance qui a permis aussi de revenir sur les richesses culturelles étendues de cette immense région de notre pays. Un mode de vie, une façon d'être, une culture : le Sahara a été exploré sous toutes ces facettes tout au long de ce festival. Dans ce sens, Mourad Betrouni, directeur du patrimoine au ministère de la Culture, a expliqué que ce festival vise d'abord la valorisation par tous les moyens du patrimoine matériel et immatériel du Sahara. Mais cet objectif a-t-il été atteint ? Rien n'est moins sûr car notre Sahara a malheureusement besoin de beaucoup plus d'un festival pour renaître de ses cendres. Combien de vestiges n'ont pas encore été fouillés ? Combien de sites naturels ou historiques demeurent inconnus ? Combien de nos citoyens restent isolés dans cette immensité géographique ? Si, à ces questions, peu de réponses ont été fournies, il n'en demeure pas moins que ce festival a eu le mérite de faire braquer les projecteurs sur l'importance de sauvegarder tout le patrimoine de l'Ahaggar, à l'image de la poésie qui accompagne l'imzad, déclamée en tamachaq, la langue parlée par les Touareg, qui est en danger, avertissent de nombreux spécialistes. Il en est de même pour le zénète dans la région du Gourara. Cette variante du tamazight est, selon la dernière édition de l'Atlas des langues de l'Unesco, menacée de disparition. Elle n'est plus parlée que par 50 000 personnes. Le même constat est à dresser pour le tidikelt, utilisé par à peine 30 000 locuteurs autour de In Salah, au cœur du Sahara. Le pillage des pièces rchéologiques et des gravures rupestres par certains touristes est aussi un autre problème qui menace le patrimoine matériel. Fort heureusement, récemment une cinquantaine de postes de surveillance ont été installés le long du parcours du parc, et un bureau de contrôle a été ouvert au niveau de l'aéroport de Tamanrasset.Face à tous ces défis, le commissaire du festival, Farid Ighilahriz, directeur de l'Office du parc national de l'Ahaggar (OPNA), a préféré conclure les manifestations en misant sur des notes d'optimisme en remerciant tous les participants et le public pour le chaleureux accueil réservé à ce festival. Le maire d'Abalessa s'est inscrit, lui aussi, dans cette logique tout en espérant que la prochaine édition sera encore plus enrichissante. Quoi qu'il en soit, le rendez-vous est d'ores et déjà pris pour l'année prochaine.