L'entraîneur de l'équipe béjaouie estime, cependant, que le championnat va être très éprouvant. L'Expression: Au bout de quatre journées de compétition, la JSMB se retrouve seule en tête du classement. Que vous inspire ce scénario? Jules Accorsi : Que le club confirme ses prétentions qui sont celles de jouer l'accession en division 1. Mais je préfère ne pas m'emballer. Comme vous le dites, nous n'avons disputé que quatre matches, il en reste encore trente à venir. C'est dire que le chemin est vraiment long. Le chemin est long, voulez-vous insinuer par là que la JSMB pourrait connaître un fléchissement? En football, on ne peut jurer de rien. Tout peut arriver. Vous savez, je suis dans cette discipline depuis 1955 en tant que joueur professionnel d'abord, puis en tant qu'entraîneur. A ce jour, malgré mon expérience du terrain, je ne peux vous dire que je connais tout de ce sport merveilleux. Il y a des situations qui peuvent survenir alors que vous étiez à mille lieues d'y penser. Vous avez atterri dans ce club à la fin de la saison dernière alors que sa descente en division 2 était pratiquement acquise. Pourquoi y être resté? Parce que j'aime les challenges difficiles. Et puis, il y a le fait que la JSMB de par l'organisation qui est la sienne mérite mieux que la division 2. Quand je l'ai prise, cette équipe était à l'agonie mais je remarquais qu'elle avait du répondant lorsqu'elle affrontait une formation de renom. Cela avait été le cas face à la JSK et au MCA. J'ai dit à M. Tiab, le président du club: «Vous m'avez remis entre les mains une équipe de division I. Je tiens à vous la restituer en division 1.» Je vais tout faire pour aider ce club à remonter. Et c'est jouable d'après vous? Bien sûr que c'est jouable. La première place qu'elle occupe en ce moment, la JSMB ne l'a pas volée. Elle prouve en tout cas que cette équipe sera du lot des prétendants à l'accession. Y a-t-il des paramètres qui seront déterminants dans cette lutte à l'accession? Il y en a plusieurs, mais je vais vous en citer deux: le premier a trait à la longueur de la compétition. 34 matches ce n'est pas rien. L'aspect de la forme physique va avoir son importance. Le second sera confiné au mois de Ramadhan. Celui qui passera avec succès cette période aura de sérieuses chances d'accéder. Je pourrais ajouter un troisième élément, qui lui, tient beaucoup plus de la pression. Quel est-il? Cinq équipes vont être appelées à descendre en fin de saison. Je peux vous certifier que durant la phase retour, les équipes plus au moins en danger feront chaque week-end le match de leur vie pour récolter le maximum de points. Contrairement aux années précédentes, la JSMB s'est préparée non pas à l'étranger mais ici en Algérie. Est-ce un choix de votre part? C'est un choix collégial entre la direction du club et le staff technique. Il avait été question à un certain moment d'un stage en Tunisie. Finalement, on s'est tourné vers Boumerdès et là je peux vous certifier que nous ne le regrettons pas. Nous avons trouvé sur place toutes les conditions voulues pour une bonne préparation. La meilleure preuve est ce bon début en championnat. Vous estimez que vos joueurs sont physiquement au point. Pourquoi ce n'est pas cette impression que l'on a eue face à l'USMBA, l'équipe visiteuse ayant mieux terminé le match que le vôtre. Ce n'était pas dû à un coup de barre de la part de nos joueurs. Ceux-ci avaient largement dominé les débats et auraient pu tuer le match en maintes circonstances. Il se trouve qu'en fin de match dans un souci de préservation du score, ils ont reculé. Ce n'est pas Bel-Abbès qui nous a acculés. Ce sont nos joueurs, qui, par réflexe, ont préféré venir attendre leurs adversaires à partir de leur camp. Avouez qu'ils ont joué avec le feu. Et vous croyez que je ne leur en ai pas parlé? A la mi-temps déjà, je les avais prévenus sur ce genre de scénario. Mais vous avez beau avertir. On s'amuse toujours à prendre des risques. Votre défense a tout de même tenu le coup en fin de match. C'est exact. Mais à propos de défense, je déplore énormément l'absence de Amrouche qui risque d'être absent pour deux mois. C'est un élément de valeur et les solutions de rechange n'existent pas réellement même si Drali, face à l'USMBA, a tiré son épingle du jeu. Cela va vous inciter à recruter puisque le mercato approche. C'est vrai mais pour l'instant je me focalise sur l'effectif que j'ai sous la main. Lorsque le mercato arrivera alors on en reparlera. Une ultime question si vous le voulez. Cela fait presque un an que vous êtes parmi nous. Où se situe selon vous la faiblesse du football algérien? Cette faiblesse à mon avis n'est pas propre à l'Algérie. j'ai entraîné au Maroc et j'ai rencontré le même type de problème. Et c'est la même chose en Tunisie où j'ai aussi exercé. Vos joueurs ont des qualités innées. Très jeunes, ils savent se servir d'un ballon. Mais cela ne suffit pour en faire un bon footballeur. Il y a un apprentissage par lequel il doit passer et cela ne peut être fourni que par les centres de formation. Or, ici je n'ai pas encore vu un seul de vos clubs qui en ait un. Il se passe alors que les joueurs, même seniors, ont encore des défauts et surtout ils ont un retard énorme en culture tactique. La solution pour que votre football s'en sorte réside en la création de centres de formation. De nos jours, un tel outil est devenu indispensable.