Les figures de proue du mouvement auraient cautionné cette démarche. Après plusieurs mois de tergiversations et moult conclaves, les animateurs du mouvement citoyen des archs, daïras et communes tentent à nouveau de revenir sur le devant de la scène politique et médiatique nationale à la faveur, non seulement de la finalisation du document de réflexion qu'ils ont rendu public récemment, mais aussi des événements d'actualité. En fait, les animateurs veulent rattraper le train de l'histoire en redevenant cette force de proposition qu'ils rêvaient d'être. En outre, les animateurs ont pris conscience que le seul moyen de sortir la région d'une crise qui aura duré plus de trois ans et causé la mort de plus d'une centaine de personnes, n'est autre que le dialogue. Un dialogue auquel le président de la République et le chef du gouvernement n'ont cessé d'appeler. D'ailleurs, l'appel lancé par le chef de l'Etat ne laisse pas indifférent une partie des animateurs du mouvement. Se basant sur les déclarations du chef de l'Etat tenues juste après sa réélection où il a soutenu qu' «il n' y a pas de problèmes sans solutions», les délégués ont décidé de reprendre attache avec les services de la présidence dans le but de relancer le dialogue. D'ailleurs lors du dernier conclave de Tizi-Rached, l'instance suprême des archs a réaffirmé sa disponibilité à reprendre langue avec la chefferie du gouvernement en attendant des éclaircissements sur la question relative à la tenue d'un référendum pour l'officialisation de tamazight et les explications concernant la non-application des engagements pris lors du protocole d'accord signé entre les deux parties concernant les préalables et les six incidences. C'est ainsi que nous avons appris qu'une délégation des archs a remis récemment un rapport détaillé aux services du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales dans lequel un point de situation sur la crise de Kabylie a été présenté. Dans ce document, cautionné par la majorité des délégués, les archs rappellent que le point d'achoppement n'est autre que la 8e incidence relative à l'officialisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle au même titre que l'arabe. Le document en question rappelle aussi que l'Etat, par la voie de la chefferie du gouvernement, a accepté le principe mais seulement par voie référendaire. Un axiome que les archs avaient récusé du fait que pour les rédacteurs, le fond de la plate-forme d'El-Kseur est scellé et non négociable. Néanmoins, et avec le temps, l'ensemble des délégués ont compris que la forme est négociable et que même la mise en oeuvre de la plate-forme s'inscrit dans la durée, à court et moyen termes. D'ailleurs, le mouvement des archs a accepté le principe de poursuivre le dialogue à la condition que le premier magistrat du pays lève l'option référendaire de l'officialisation de tamazight et que le mouvement ne demande pas son application dans l'immédiat mais revendique qu'elle soit introduite dans la prochaine révision de la Constitution, la commission technique, placée à cet effet, vient de remettre son rapport après avoir terminé ses travaux. Composée d'experts en droit constitutionnel, celle-ci aurait fait plusieurs propositions sur des aspects que le chef de l'Etat n'a pas manqué de critiquer dès son élection en 1999. Dans son rapport cette commission propose l'harmonisation du pouvoir de l'exécutif dispersé dans l'actuelle Constitution entre deux centres de décision: le président de la République et le chef du gouvernement. Dans cette optique, c'est la suppression pure et simple du poste de chef de gouvernement introduit par la Constitution de 1989. Par cette révision, c'est un illogisme de l'ancienne Constitution obligeant le chef du gouvernement à présenter un programme alors que le Président a son propre programme que le peuple a élu sur la base justement d'un programme, qui sera ainsi corrigé. En outre parmi les autres propositions de rechange, le Chef de l'Etat nommera un Premier ministre en lieu et place de chef de gouvernement tandis que l'option de vice-président n'a pas été retenue en raison de l'hostilité affichée par le chef de l'Etat pour la création de ce poste. Sur un autre chapitre, la commission propose la révision de la durée du mandat en le portant à sept ans contre cinq actuellement, sans pour autant toucher à la limitation à deux mandats pour un même Président. Mais cela n'empêchera pas Bouteflika de briguer un autre mandat dans la mesure où la nouvelle Constitution ne prend pas en compte le mandat antérieur à l'entrée en vigueur de la loi fondamentale. Cependant ces amendements à la Constitution ne seront proposés à un référendum qu'au courant de l'année 2006 en raison d'un calendrier chargé du président de la République.