Même les tentatives de conciliation initiées par d'anciens officiers de l'ALN, entre autres, Amar Mohamedi et Si El-Hafid, ont été sans succès. Une médiation entre les tendances qui échoue, un document dit de mise en œuvre de la plate-forme qui sème la discorde, une guerre de communiqués qui anime les structures du mouvement, des délégués qui tombent à bras raccourcis contre des partis politiques qu'ils proposent de changer par de nouvelles formations, piétinant ainsi les principes directeurs du mouvement citoyen pourtant transpartisan… Où vont ainsi les archs ? Manifestement, le mouvement citoyen risque d'être gagné par des dérives dangereuses si ce n'est déjà le cas. L'initiative prise par la Coordination du arch de Larbaâ Nath Irathen de réconcilier les parties en conflit au sein de la Coordination des archs, daïras et communes de Tizi Ouzou (CADC) a lamentablement échoué. Plus de trois heures de débats et de tractations entre les deux coordinations locales de Larbaâ Nath Irathen et de Tizi Ouzou n'ont pas abouti à grand-chose. L'organisation de Belaïd Abrika est restée intransigeante sur le respect des résolutions du conclave d'Imzizou, des résolutions adoptées sans consensus, pourtant base de fonctionnement du mouvement citoyen. Même les tentatives de conciliation initiées par d'anciens officiers de l'ALN, entre autres, Amar Mohamedi et Si El-Hafid, ont également été sans succès. Les bons offices que se proposent donc de poursuivre ces maquisards de la Guerre de Libération, malgré ce premier fiasco, devraient en principe convaincre les délégués des archs, aujourd'hui, profondément divisés par le dialogue. En fait, c'est le document dit de mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur qui a fractionné la CADC, divisée en dialoguistes et antidialoguistes. Le groupe d'Imzizou, mené par Abrika, défend bec et ongles le document de mise en œuvre, alors que le groupe de Mechtras accuse “ce document de la discorde” de s'éloigner de l'esprit de la plate-forme d'El-Kseur. Donc, c'est à ce niveau de lecture que le débat devrait être recentré. Car, à l'évidence, tous les segments du mouvement des archs ne remettent pas spécialement en cause la nécessité d'élaborer un document de mise en œuvre, mais c'est précisément sur le contenu politique de cette charte que butent les uns et les autres. L'aile d'Imzizou de la CADC reproche à l'autre aile de vouloir aller à la présidentielle. Les conclavistes de Mechtras, qui rejettent le dialogue dans ce contexte préélectoral, disent vouloir simplement recentrer le débat sur l'essentiel, le document de mise en œuvre. Un document de discorde qui ne fait toujours pas le consensus dans la maison arch. Et puis, le bon sens paysan veut que celui qui rejette le dialogue ne peut aller demain aux élections puisque, d'ici-là, la crise de Kabylie ne sera pas réglée. En revanche, la démarche des dialoguistes qui commencent à ruer dans les brancards, en voulant aller à un dialogue sans garanties, un dialogue de normalisation politique à vrai dire, cache mal des desseins inavoués. La crise que traverse la CADC de Tizi Ouzou n'a pas manqué de déteindre sur les autres structures du mouvement citoyen. Une crise à laquelle il fallait bien s'y attendre à partir du moment où les archs commencent à emprunter la voie des dérives dangereuses à mille lieues de la trajectoire initiale. Explication : un mouvement par définition transpartisan doit s'interdire normalement de s'attaquer aux partis politiques, puisque la vocation du mouvement citoyen, porteur de la plate-forme d'El-Kseur, est de s'opposer au pouvoir “maffieux et assassin”, selon l'expression consacrée. Plus grave encore, un délégué dans un meeting à Amizour (Béjaïa) est allé jusqu'à proposer de changer les partis existants. “Nous sommes pour le multipartisme au sein du mouvement et nous en faisons même un principe, mais nous militons pour l'existence de vrais partis politiques, pas à l'image de ceux que nous avons sur la scène nationale”, a déclaré ce délégué. Décodé, le message est clair : le RCD et le FFS sont “discrédités”, il faut donc faire le vide sur la scène politique pour laisser place nette à de “vrais partis”. De quels “vrais partis politiques” s'agit-il ? De ces nouvelles formations qui émargent à “la troisième voie” ? L'objectif du dialogue s'avère maintenant clair : le dialogue que propose le Président-candidat ne vise pas le règlement de la crise de Kabylie mais plutôt la normalisation de la région en prévision de la présidentielle. Y. A.