Le ministre de l'Intérieur fera état de 375 présidents d'APC poursuivis en justice pour mauvaise gestion et dilapidation des biens de l'Etat. La réforme de l'administration locale, la gestion de la situation sécuritaire, la lutte contre la criminalité et le grand banditisme constituent les grands axes de la «révolution silencieuse» que compte mener le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Intervenant, hier sur le plateau de l'émission hebdomadaire Questions de l'heure diffusée sur les ondes de la Chaîne III, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, n'a pas dérogé à la tradition, celle de tenter à chaque fois d'impressionner ses interlocuteurs. Interrogé par l'animatrice de l'émission sur les priorités de son département, surtout qu'il vient d'être reconduit dans sa fonction pour le deuxième gouvernement consécutif, depuis 1999, le ministre de l'Intérieur a profité de l'occasion pour lancer une pique en direction de ceux qui, à chaque fois, le donnaient pour partant de l'Exécutif: «Je ne suis pas né pour mourir sur le fauteuil de ministre.» Pour l'invité de l'émission, la priorité de son département consiste à réformer l'administration locale, l'ouvrir sur la société en lui conférant plus de transparence, «grâce à une participation organisée de la société civile». La moralisation de la mission de service public constitue l'une des priorités du département de M.Zerhouni qui compte user de la force de la loi pour mettre les élus devant leurs responsabilités. Concernant les abus enregistrés dans certaines APC, le ministre de l'Intérieur fera état de 375 présidents d'APC poursuivis en justice pour mauvaise gestion et dilapidation des biens de l'Etat. Pour ce qui est du nombre d'APC actuellement bloquées pour retrait de confiance, l'hôte de la Chaîne III l'estime entre 45 et 60, omettant toutefois d'intégrer dans ses chiffres le blocage de près de 52 communes en Kabylie Cette situation est, d'après le ministre, le fait de luttes d'intérêts entre élus et qui ne servent aucunement la collectivité. Au sujet du dernier mouvement dans le corps des walis et ses motivations, la réponse a été on ne peut plus prompte: «Ce n'est pas la première fois qu'un tel mouvement intervient, puisqu'en 2001, j'ai procédé à un remaniement», ce qui, d'après M.Zerhouni, «n'est pas synonyme de sanction politique» puisque, poursuit-il, «tous les walis actuels étaient en poste, soit au même poste dans une autre wilaya ou en qualité de walis délégués». Il s'agit en premier lieu, affirme Zerhouni, de stabiliser l'administration en maintenant les walis à leur poste de 4 à 5 ans. En parlant de bilan positif des walis, le ministre de l'Intérieur fait allusion au rôle «de la garantie et de la transparence» joué par ces derniers lors des dernières élections locales législatives et présidentielles. Bilan positif c'est aussi, selon le ministre de l'Intérieur, l'amélioration des conditions de vie des citoyens, notamment en matière d'adduction en eau potable, donnant l'exemple de la wilaya d'Oran «où il n'y a pas un service de l'eau depuis les années 40». Révolution silencieuse aux yeux de Zerhouni, c'est aussi le niveau d'instruction des élus. Il rappellera à ce propos que lors des premières élections municipales de 1966, près de 80% des élus étaient des analphabètes, contrairement à la composante actuelle où 60% des élus ont un niveau universitaire. A une question de savoir si les codes communal et de wilaya seront présentés lors de la présente législature, Zerhouni s'est contenté d'émettre le voeu que le projet soit adopté avant les prochaines élections locales prévues en 2007. La révision des codes communal et de wilaya vise à les adapter avec la nouvelle conjoncture multipartite. Parmi les grandes lignes de ces projets de textes «bloqués en 2002 par l'ex-chef de l'Exécutif» ajoute Zerhouni, figurent la réforme de la fiscalité locale, permettant aux APC de recouvrer leurs impôts, la précision des attributions des élus, «pour que les erreurs du passé ne se répètent pas». Comme il évoquera la prochaine ouverture d'un «centre de formation d'ingénieurs en infrastructures locales». A la question inévitable de la levée de l'état d'urgence, le ministre de l'Intérieur, tout en estimant que le maintien de l'état d'urgence n'a pas d'effet de restriction des libertés, fera remarquer que «l'état d'urgence a mis en place un système de coordination efficace entre les différents corps de sécurité et qu'il faut préserver à tout prix». Avant de poursuivre que «même si la bataille contre le terrorisme est gagnée, la bataille n'est pas terminée». Le dossier de Wafa et du Front démocratique n'ont pas été en reste des déclarations du ministre de l'Intérieur. Il dira concernant le refus d'accorder l'agrément au parti de Taleb qu'une décision de justice a été rendue, «celle de ne pas agréer un parti dissous». Le bouquet de la prestation du premier policier d'Algérie, c'est quand il a qualifié de «rigolos» les membres de certaines associations qui lui reprochent de bloquer leurs dossiers.