La récurrence des problèmes et leur persistance font que les crises sociales reviennent au-devant de la scène de façon spasmodique. Des débrayages seront enclenchés incessamment comme celui des boulangers qui envisagent de déposer un préavis de grève pour faire aboutir leurs revendications. L'éducation connaît également un mouvement de protestation. Ce secteur est constamment traversé par des soubresauts. Le CLA, un syndicat qui se singularise par ses sorties tonitruante a annoncé la couleur avant-hier lors d'une journée de contestation et celle qu'il entamera demain dans deux lycées d'Alger contre le harcèlement dont font l'objet les enseignants et certains personnels de l'éducation de la part de leur tutelle. Ce syndicat fait également partie du Comité des libertés syndicales qui compte observer un sit-in jeudi prochain devant le siège du Cnes. Appréhendant des velléités de musellement de la liberté d'expression et d'atteinte au droit de grève, cette entité s'est constituée pour que «le mouvement syndical autonome et démocratique algérien qui, après un long parcours jonché de luttes, de sacrifices, de défis et des libertés syndicales, se solidarise contre les menaces des pouvoirs publics» déclare le CLS. Dans un autre chapitre et pas des moindres, l'inextricable problématique qui concerne les collectivités locales n'a toujours pas trouvé de solution idoine pour en venir à bout. Emeutes, manifestations, échauffourées suivies de bastonnades et d'arrestations émaillent le quotidien des populations qui restent otage de cette situation. Ces convulsions sociales sont dues à la gestion désastreuse qui a caractérisé les collectivités locales depuis leur blocage en 2002. L'urgence est peut être à la tenue des élections locales qui constituent le maillon rompu, voire sauté de la chaîne de la gestion des affaires de la cité. Cela étant que les communes connaissent des perturbations et souffrent du statu quo. Ne faut-il pas d'abord assainir leur situation car il y a lieu de s'interroger sur la manière de bâtir un Etat de droit quand ses fondations fragilisées par les secousses répétées pourraient provoquer son étiolement, voire son effondrement? C'est le cas de la Kabylie dont l'économie est à un niveau bas. Les habitants sont gagnés par la sinistrose. C'est dans cette partie du territoire national où l'on enregistre le plus de suicidés et où les gens troquent volontiers leur foi contre un hypothétique visa pour d'autres cieux plus cléments. Le dialogue pour sortir de la crise traîne en longueur et ne semble nullement inquiéter les décideurs. Même schéma en ce qui concerne les sinistrés du séisme qui a ébranlé le centre du pays. Ces derniers prennent leur mal en patience en dépit des promesses des autorités publiques de leur accorder la priorité. Il y a deux jours, la commune de Ouled Heddadj, cette paisible région située à Boumerdès, s'est réveillée sous les cris de colère de ses habitants qui ont barré la route et pris d'assaut le siège de leur APC pour dénoncer la mauvaise gestion des affaires de la commune. Le même scénario s'est déroulé à Ghardaïa, à Constantine et dans d'autres villes du pays qui n'échappent pas à la propension contestatrice. Des exemples édifiants qui illustrent bien le marasme dans lequel baignent ces structures locales et qui influent négativement sur les populations. Le ministre de l'Intérieur a fait état de 375 présidents d'APC poursuivis en justice pour mauvaise gestion et dilapidation des biens de l'Etat. Pour ce qui est du nombre d'APC actuellement bloquées pour retrait de confiance, il est estimé entre 45 et 60, sans compter le blocage de près de 52 communes en Kabylie. «Cette situation est, d'après le ministre, le fait de luttes d'intérêts entre élus et qui ne servent aucunement la collectivité». Force est de constater que rien n'a été fait pour le règlement définitif de ce problème. Au regard de ce marasme ambiant, aucun signe apparent ne confirme le contraire à moins d'une volonté politique qui vienne mettre de l'ordre et donner un coup de pied dans la fourmilière.