Cette alliance est déjà «opérationnelle» au Palais du gouvernement Le thème de l'alliance présidentielle, jusque-là «ignoré» par les partis au gouvernement, est remis sur le tapis par Ahmed Ouyahia. L'homme n'est certainement pas du genre à parler dans le vide. Son retour à la tête de la deuxième formation politique du pays ne répond pas à des considérations simplement «cosmétiques». Le désormais nouveau secrétaire général par intérim du RND a clairement annoncé la couleur dès son investiture à la tête du parti. En effet, le thème de l'alliance présidentielle, jusque-là «ignoré» par les partis au gouvernement, est donc remis sur le tapis par Ahmed Ouyahia. L'homme n'est certainement pas du genre à parler dans le vide. Son retour à la tête de la deuxième formation politique du pays ne répond pas à des considérations simplement «cosmétiques». Ainsi, l'alliance qui regroupera dans un premier temps les formations politiques qui composent le gouvernement, à savoir le FLN, le RND, le MPA et TAJ, fonctionnera à l'image de celle qui a accompagné les trois premiers mandats du président de la République et qui était composée du FLN, du RND et du MSP. L'on se rappelle qu'à l'époque, les chefs de l'alliance présidentielle, qui aimaient donner à leur structure le qualificatif de stratégique, se réunissaient trimestriellement et apportaient une caution politique claire à l'action du gouvernement. Pendant des années, les animateurs de cette alliance ont garanti un minimum de cohésion à l'action du gouvernement et assumaient tous les choix politiques et économiques que prenait le pouvoir. Cette alliance avait en face d'elle une opposition hétéroclite et divisée. Aujourd'hui, on assiste à une situation inverse avec une coalition de partis au pouvoir qui ne se parlent pratiquement jamais, face à une opposition, dont une partie s'est structurée et occupe la scène politique. La réactivation du principe de l'alliance présidentielle aura pour première mission de donner du sens à une action gouvernementale actuellement «diminuée» par l'absence de concertations politiques et surtout par une impression d'absence de cap. Finie la dislocation gouvernementale L'on a même le sentiment que la solidarité gouvernementale fait défaut, au moment où quelques ministres de l'Exécutif se «font tailler en pièces» par l'opposition islamiste et même par des parlementaires de la majorité. Les épisodes difficiles vécus par Amara Benyounès, Tayeb Louh et Nouria Benghebrit, illustrent le «vide» politique qui caractérise l'Exécutif lequel donne, parfois, l'impression d'être lui-même dans l'opposition, à voir la réaction des élus nationaux à certains projets de loi, à l'image de celui des licences d'importation qui a vu beaucoup de députés du FLN s'en prendre au ministre comme s'il venait d'un autre pays. Cela sans parler des campagnes de dénigrement lancées par les courants islamistes radicaux à l'encontre de certains membres du gouvernement. Ces campagnes ne trouvent aucune résistance de la part de l'Exécutif. Objectivement, on voit mal le Premier ministre monter au créneau à chaque «insulte» proférée sur Facebook. Ce n'est pas son rôle, d'ailleurs cela le dévierait de sa mission première qui est de s'occuper à gérer des polémiques qui, faut-il le souligner, sont quasi quotidiennes, ces dernières semaines. Pareilles missions relèvent principalement de la sphère partisane. C'est justement cela qui fait défaut dans la configuration actuelle du pouvoir. Ce dernier a absolument besoin d'un bouclier politique pour prendre le temps d'expliquer et défendre les orientations du programme présidentiel, préparer l'opinion à ce qu'attend le pays en raison de la baisse des prix du pétrole et surtout construire un discours recevable auprès des Algériens et répondre à l'opposition qui se trouve actuellement comme dans un terrain conquis. Cette première mission de l'alliance présidentielle, si elle venait à voir le jour, est essentielle pour rendre visible la stratégie gouvernementale, tant au plan politique qu'économique. L'autre mission centrale de l'alliance présidentielle est en rapport avec la discipline nécessaire qui doit régner au sein des groupes parlementaires des partis exerçant le pouvoir. Les scènes où des députés FLN ou RND s'acharnent sur un ministre MPA, TAJ ou technocrate doivent cesser, pour redonner du sens et de la cohésion à l'action du gouvernement. Ahmed Ouyahia qui n'est pas un parvenu en politique sait l'importance de la cohésion et de la solidarité entre le législatif et l'exécutif dans la mise en oeuvre d'un programme politique. L'autre objectif stratégique de l'alliance, tel que souhaité par le nouveau secrétaire général du RND, tient dans l'accompagnement du projet de révision de la Constitution. Avec des groupes parlementaires solidaires et soudés derrière le projet de révision constitutionnelle, ce dernier bénéficiera, de fait, d'un soutien massif de la part des parlementaires, à même de donner à l'opinion nationale une image positive et sereine des intentions présidentielles. Le chef de l'Etat a, en effet, besoin de l'assentiment d'une grande majorité d'Algériens, quel que soit le chemin que prendra son projet de révision de la loi fondamentale du pays. Chantier éminemment politique, l'amendement de la Constitution ne pourra se satisfaire d'un soutien «mécanique». Ahmed Ouyahia qui a mené un round de concertations avec la classe politique, est sans doute l'une des personnalités politiques algériennes les mieux imprégnées du projet. Le MSP, pourquoi pas? Ce chantier prioritaire permettra à l'alliance présidentielle de «faire ses armes» face à un bloc de l'opposition qui a passé plusieurs étapes dans sa structuration, de sorte que ses leaders soient identifiés et se connaissent parfaitement. Le prochain congrès de la Coordination nationale pour les liberté et la transition démocratique (Cnltd) prévu pour le courant du mois de juin, sera à n'en pas douter un grand moment pour l'opposition qui n'en sortira que plus solidaire. Ainsi, la scène nationale prendra des allures de bipolarité, qui ne plaira sans doute pas au FFS et au PT, deux électrons libres de la classe politique, mais elle a toutes les chances de s'affirmer au fur et à mesure des batailles politiques que vont engager le pouvoir et l'opposition. En l'espèce, la révision de la Constitution est un excellent challenge pour préparer l'autre important rendez-vous, celui des élections législatives de 2017. Durant le laps de temps qui nous sépare de cette échéance politique, l'opposition n'aura pas en face d'elle un gouvernement, mais un vrai bloc politique, déterminé à se battre au côté de l'Exécutif, valorisant tous les acquis économiques politiques et sociaux, dans la perspective de conserver le pouvoir aux Assemblées locales et à l'APN. Une passe d'armes qui ne manquera pas d'intéresser l'opinion nationale, maintenant que le paysage médiatique s'est enrichi de plusieurs chaînes de télévision, complétant ainsi l'assise nécessaire pour l'émergence de débats politiques.. Il reste que dans la constitution de cette alliance, il y a certainement une part de tactique. Ahmed Ouyahia ne l'a pas ouvertement formulée, mais il existe plusieurs indices qui amènent à penser que les quatre partis concernés par le projet pourraient être rejoints par un cinquième qui n'est autre que le MSP. Le scénario vécu par le FLN et le RND n'est pas exclu au MSP, entend-on dire dans certains cercles bien introduits. L'aile de Bouguerra Soltani, proche des thèses de Ouyahia, est, dit-on de même source, en embuscade. L'association du MSP dans l'alliance serait une excellente nouvelle pour le pouvoir qui peut s'offrir une assise parlementaire rêvée pour assurer la promotion du projet de révision constitutionnelle et aller jusqu'aux législatives dans un contexte de grande stabilité.