La capitale du M'zab aspire à vivre en paix La crise de GhardaIa se réinvente sans répit et, à chaque fois, un lot de victimes est à déplorer. Le FFS veut y mettre fin mais à quel prix? Une forte délégation du FFS conduite par Mohamed Nebbou, et composée de Chafaâ Bouaïche, chef du groupe parlementaire, les députés Abderrahim Sadeg, Belkacem Benameur, et le sénateur Brahim Meziani, a clos hier une visite de travail à Ghardaïa qu'elle a entamée dimanche dernier. Cette visite, sixième du genre en une année, témoigne de l'intérêt que le Front porte à la situation de crise que traverse la vallée du Mzab depuis plusieurs années. Cette visite de travail vise, selon un communiqué du parti, à «essayer de trouver des solutions pacifiques et durables aux conflits latents qui rongent cette wilaya et tenter d'apaiser les tensions en privilégiant un rapprochement et un dialogue responsable entre les différentes parties belligérantes». Lors de cette visite, des rencontres hautes en couleur ont eu lieu avec les militants, les citoyens et les notables de cette wilaya, et un grand meeting populaire qui a drainé plus d'un millier de personnes a été organisé hier pour parachever en liesse cette sortie politique du FFS. Selon Nassim Sadeg, parlementaire du parti que nous avons joint par téléphone, «l'objectif de la sortie, sur le terrain, du FFS est de contribuer au retour au calme à Ghardaïa mais cet objectif pour une telle issue ne peut être possible dans l'immédiat au regard du laxisme des autorités». Selon lui, tout en alertant sur le pourrissement qui pourrait s'installer durablement dans la vallée du M'zab», M.Zadeg s'est permis une petite envolée optimiste. «Nous espérons que notre visite à Ghardaïa interpellera les autorités aussi bien locales que nationales et les poussera à se pencher sérieusement sur cette crise», a-t-il indiqué. Dans la foulée, Nassim Sadeg nous a appris que Nouredine Khabati, président d'une association de quartier et néanmoins acteur très actif de la société civile ghardaouie, a été arrêté hier pour des motifs «fallacieux», ce qu'il a dénoncé comme étant «une tentative de casser la dynamique d'organisation et de structuration de la société civile». «Notre présence à Ghardaïa est aussi une opportunité pour apporter notre soutien à cet énième cas d'injustice qui vise à casser la dynamique d'organisation de la société civile», a-t-il dénoncé en effet. Le chaos dans lequel patauge la wilaya de Ghardaïa semble ne point vouloir prendre fin. En vigueur depuis plusieurs années, il prend les proportions d'une véritable bombe à retardement et, pour l'heure, malgré les cris d'alarme lancés par nombre de partis, d'acteurs de la société civile et d'intellectuels, nul indice de résolution ne profile à l'horizon. Ressurgissant sporadiquement et entraînant à chaque fois un cortège de violence, qui, très souvent, fait des victimes, la crise prévalant dans la vallée du M'zab ne capte toujours pas l'attention des autorités qui ne semblent voir dans «la mort de certains citoyens» que des «contestataires potentiels de moins». En effet, il y a à peine quelques jours, cinq personnes ont été blessées dans des heurts entre groupes de jeunes dans la localité de Berriane (45 km au nord de Ghardaïa) et une personne parmi les blessés a succombé à ses blessures. Cette victime âgée seulement de 33 ans, a reçu un projectile sur la tête au niveau du quartier «Bab Assad» dans la ville de Berriane avant de décéder, suite à ses blessures à l'hôpital de la même ville. Décidément, depuis l'éclatement de la crise en 2004, des centaines de morts se comptent aussi bien parmi les Mozabites, principales victimes de cette «pétaudière», que parmi les Chaâmbis et les forces de l'ordre. Qu'attend-on pour prêter attention à ce conflit qui risque de porter atteinte à l'intégrité de la nation et de provoquer sa déflagration? Rien. Et les autorités n'ont même pas trouvé utile de répondre par l'affirmative à la proposition du FFS d'envoyer sur le terrain une commission d'enquête parlementaire pour étudier de près la question. Cette situation intenable ne préoccupe, pour ainsi dire, nullement les autorités. Mais le FFS, qui compte une base militante importante à Ghardaïa, ne l'entend pas de cette oreille. Et il est résolu à trouver une conclusion heureuse à cette crise. Une relance de l'idée d'une commission d'enquête parlementaire est d'ailleurs prévue dans les prochains jours. «C'est vital», insiste-t-on.