Les Etats-Unis et la coalition comptent sur le soutien des forces kurdes pour une future reconquête de Mossoul, la deuxième ville de l'Irak, un objectif stratégique de la campagne antijihadiste. Le secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter a salué hier à Erbil, dans le nord de l'Irak, le combat des Kurdes irakiens contre le groupe Etat islamique (EI) comme un «modèle» à suivre dans la lutte antijihadistes. Après une visite jeudi à Baghdad, sa première depuis sa prise de fonctions en février, M. Carter s'est rendu à Erbil, la capitale du Kurdistan dont les forces sont un élément central dans le combat contre l'EI qui contrôle de larges pans de territoire en Irak. «Les peshmergas sont le modèle de ce que nous essayons de faire», a-t-il dit devant une centaine de militaires de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis contre l'EI, après un entretien avec le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani. En Irak, et à terme en Syrie voisine où le groupe jihadiste s'est aussi emparé de vastes régions, «nous essayons de construire une force capable» de «gagner sur le terrain» et «ensuite tenir (les zones reconquises) et permettre une vie décente» aux habitants, a ajouté M. Carter. Avec l'aide déterminante des frappes aériennes de la coalition, les Kurdes irakiens ont pu repousser les jihadistes des zones frontalières du Kurdistan et étendre leur contrôle sur des régions disputées avec Baghdad, comme la ville pétrolière de Kirkouk. Les Etats-Unis et la coalition comptent sur le soutien des forces kurdes pour une future reconquête de Mossoul, la deuxième ville de l'Irak, un objectif stratégique de la campagne antijihadistes. Mossoul, située à environ 90 km à l'ouest d'Erbil, avait été prise par l'EI au début de son offensive fulgurante en juin 2014 qui lui a permis de s'emparer d'autres régions, devant la déroute de l'armée et la police irakiennes. Les relations entre le Kurdistan et le pouvoir central, même si leurs forces se sont alliées dans certains régions contre l'EI, restent tendues en raison de différends politiques et pétroliers. Les peshmergas ont payé un lourd tribut dans la guerre contre l'EI, avec 1.200 morts. Ils reçoivent des armes des Etats-Unis, mais aussi du Royaume-Uni et de la France. Néanmoins, M. Carter a souligné devant son interlocuteur kurde que son pays continuerait à faire transiter par le pouvoir central à Baghdad l'aide au Kurdistan. «Les Etats-Unis continueront à travailler au côté, avec et à travers le gouvernement d'Irak pour venir en aide aux forces kurdes dans le combat contre l'EI», a-t-il dit, selon un communiqué du Pentagone. A Baghdad, où il a rencontré le Premier ministre Haider al-Abadi, M. Carter a déclaré que les Etats-Unis étaient «prêts à en faire plus» dans la lutte contre l'EI, «si (les Irakiens) développent par eux-mêmes des forces motivées et capables de reprendre et conserver des territoires». «Nous ne pouvons pas nous substituer» aux Irakiens dans le combat contre l'EI, a-t-il souligné. M. Carter a aussi rencontré une partie des 3.500 militaires américains déployés en Irak pour assister l'état-major local dirigeant l'offensive, mais aussi aider l'armée à former des combattants issus des tribus sunnites. Washington pousse le gouvernement irakien à majorité chiite à mieux intégrer les groupes sunnites dans les offensives anti-EI, alors que les opérations sont majoritairement menées par l'armée, les milices chiites et les forces kurdes. Une offensive est en cours actuellement dans Al-Anbar (ouest), la plus grande province d'Irak, qui s'étend de Baghdad aux frontières syrienne, saoudienne et jordanienne, et qui est en grande partie contrôlée par le groupe jihadiste sunnite. Les forces irakiennes y resserrent l'étau autour des deux principales villes, Ramadi et Fallouja, avec l'appui des frappes de la coalition.