Outre un parcours sans faute, ce président a présenté le seul programme conforme aux défis nouveaux qui se posent. Comme il fallait s'y attendre, Zine El-Abidine Ben Ali a été réélu ce dimanche à une très large majorité (94,48% des voix) pour un nouveau mandat de cinq ans. Il reste ainsi le deuxième président de la Tunisie indépendante après Habib Bourguiba, auquel il a succédé depuis dix-sept ans. Si ces résultats sont sans surprise pour les observateurs, c'est que l'homme compte à son actif un bilan des plus positifs qui soient. Ayant à charge un petit pays sans ressources naturelles, il a réussi à en faire le plus performant et un des plus riches de la rive sud de la Méditerranée avec un taux de croissance régulièrement supérieur à 5 %. Ami des pauvres, Ben Ali a nettement réduit le chômage, mais aussi pris en ligne de compte les besoins véritables aussi bien des ouvriers que des petits agriculteurs, grâce auxquels il a atteint le bilan «sans faute» qui est le sien. Le tourisme, fer de lance de ce pays, draine un minimum de 5 millions de touristes chaque année, grâce à une politique d'investissements et de gestion d'une efficacité sans faille. Ben Ali s'est engagé de pied ferme dans une politique dite du «changement» basée sur la modernisation de l'économie. Ainsi, se donne-t-il comme but, sur son site officiel pour les élections, de «hisser la Tunisie au rang des pays développés ». L'ambition, loin d'être une gageure, a été atteinte en très grande partie. Benali, dont le bilan est on ne peut plus parlant, n'avait en outre aucun candidat «sérieux» en face de lui. Il a, en outre, élaboré un programme d'une pertinence que même ses adversaires n'ont pu lui contester. Face aux critiques, somme toutes normales de certaines Ong à la botte des institutions financières internationales et des capitales occidentales, Tunis fait état, au contraire, et preuves à l'appui, d' «avancées constantes» dans le domaine de la démocratie, rappelant qu'en 1994, M.Ben Ali a permis l'entrée de l'opposition légale au parlement. En 1999 faut-il le rappeler, a eu lieu la première présidentielle pluraliste qu'il a remportée à 99,44 % des suffrages. Le pluralisme démocratique, qui en était à ses premiers balbutiements, n'a pas véritablement progressé depuis puisque l'opposition politique en Tunisie manque encore d'assurance et ne jouit pas d'un programme réaliste et fort, capable de rivaliser avec celui de Ben Ali. En mai 2002, M.Ben Ali a fait amender par référendum la Constitution tunisienne qui rend illimité le nombre de mandats présidentiels. La mesure, critiquée par certains, est au contraire accueillie avec beaucoup de soulagement par le peuple tunisien, qui sait que son président reste toujours l'homme de la situation. Son programme en 21 points pour «la Tunisie de demain» est essentiellement économique avec pour priorité la résorption du chômage, avec l'appui du secteur privé. Une approche tout à fait appropriée aux défis nouveaux venus se poser à la Tunisie, face à la mondialisation et à son accord d'association avec l'Union européenne. Né à Hammam-Sousse (centre-est), M.Ben Ali a accédé à la magistrature suprême le 7 novembre 1987 en écartant pour «sénilité» le président défunt Habib Bourguiba, dont il fut le Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Général d'armée, M.Ben Ali a fait l'école spéciale interarmes de Saint-Cyr et l'Ecole d'artillerie de Châlons-sur-Marne (France), ainsi que l'Ecole supérieure de renseignement et de sécurité et l'Ecole d'artillerie de campagne anti-aérienne (Etats-Unis). Issu d'une famille modeste, M.Ben Ali jouit d'une popularité certaine dans le monde rural auquel il a fait faire des avancées incontestables. La notion de solidarité est un axe clé de sa politique sociale et il a poursuivi l'action d'émancipation des femmes lancée par Habib Bourguiba. Ben Ali a commencé sa carrière au sein de l'armée en dirigeant, de 1958 à 1974, les services de la sécurité militaire, avant d'être nommé en 1977 directeur général de la Sûreté nationale. Secrétaire d'Etat à la sûreté nationale en octobre 1985, puis ministre de l'Intérieur en avril 1986, il devint Premier ministre en octobre 1987, alors que le pays était confronté à l'activisme du mouvement islamiste Ennahda, mis hors circuit en 1992. Marié et père de cinq enfants, M.Ben Ali est apparu en pleine forme ces derniers mois malgré des rumeurs sur un mauvais état de santé en 2003. En bon musulman, il a effectué l'an dernier le pèlerinage à la Mecque avec son épouse, Leïla, personnalité en vue avec des activités dans le champ social.