Zine El Abidine Ben Ali, 73 ans, restera le locataire du palais de Carthage. Il a été réélu avec 89,62% des voix. Les Tunisiens ont voté massivement sous l'œil d'un panel d'observateurs internationaux. Sur les 4.974.707 inscrits dont 500.000 jeunes de 18 ans, 4.447.388 se sont exprimés. Soit un taux de participation de 89,4%. Ce choix témoigne de l'attachement des Tunisiens au travail accompli par le président depuis novembre 1987 et sa détermination à hisser le pays d'ici 2014 aux rangs des pays développés, estiment les officiels. Les trois candidats de l'opposition n'ont pas réussi à faire de l'ombre au chef de l'Etat qui a fait son meilleur score à l'étranger (94,85 %) et son plus mauvais à Monastir (84,16 %) et au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), sa machine politique. Les trois candidats à la présidentielle n'ont pas réussi le miracle promis. Ils se sont partagés les 10% de voix restants (MM. Mohamed Bouchiha du Parti de l'unité populaire: 5,16% ; Ahmed Inoubli de l'Union démocratique unioniste : 3,94% et Ahmed Brahim d'Ettajdid Le Renouveau) qui n'est pas réputé proche du pouvoir : 1,62%). Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali, n'a pas fait moins. Dans le double scrutin de dimanche, il a conservé haut la main sa très large majorité avec 75% au Palais du Bardo. Sur les 214 députés, 161 seront aux couleurs du RCD. Dont Mohamed Sakher el Materi, un Goldman tunisien de 29 ans pas comme les autres. Le jeune homme d'affaires dont tout le monde à Tunis nomme le possible successeur de Ben Ali à la tête de la machine du RCD, est le gendre du couple présidentiel. Les 53 restants, soit 25% des sièges octroyés par le code électoral à l'opposition, seront départagés à la proportionnelle entre les partis qui étaient en lice pour le Parlement. Selon les chiffres donnés par M. Hadj Kacem Rafik, le ministre de l'Intérieur, dans un point de presse, le MDS, le PUP, l'UDU, le PSL, le PVD et Ettajdid auront respectivement 16, 12, 9, 8, 6 et 2 sièges dans la prochaine Assemblée. De 34 sièges en 1999, à 37 en 2004, l'opposition est passée à 53 en 2009. Les Tunisiens semblent avoir opté pour la construction à «petits pas» de la démocratie. ET MAINTENANT ? Ben Ali qui a promis de soutenir les partis politiques, la presse et les médias en général durant ce mandat et de faire entrer son pays dans le groupe des développés, aura du pain sur la planche : ses opposants, même s'ils ne font pas florès, cultivent un scepticisme. Leur cheval de Troie : le système politique. Pour eux, il ne présente qu'un vernis de démocratie. Depuis dimanche, le pouvoir tunisois n'est pas le seul à réfuter cette accusation. Les observateurs nationaux et étrangers dont des Algériens qui ont suivi le scrutin, le font aussi. «Nous avons suivi un scrutin conforme aux normes internationales», affirment les membres du panel des observateurs. Dont l'Algérienne Saida Benhabyllès qui a suggéré aux Tunisiens de faire front contre les dernières manœuvres de certaines ONG en France. Sans aller jusqu'à réitérer la mise en garde à peine voilée aux détracteurs du pouvoir lancée samedi soir par Ben Ali, le ministre de l'Intérieur estime qu'il faut garder le cap sur tous les paris pris, comme le statut de la femme et la généralisation de l'éducation de qualité...