En annonçant sa candidature, hier, pour la présidentielle tunisienne de 2009, à l'occasion du congrès de son parti politique, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le président tunisien est assuré d'un cinquième mandat consécutif à la tête de la Tunisie. “Oui, pour être votre candidat à l'élection présidentielle de 2009”, a répondu Zine El-Abidine Ben Ali dans un discours devant les délégués du RCD, réunis en congrès hier dans la capitale tunisienne. Au pouvoir depuis le 7 novembre 1987, après avoir destitué son prédécesseur Habib Bourguiba pour incapacité physique, le chef de l'Etat tunisien devrait être réélu sans difficulté en 2009 pour ce cinquième mandat consécutif. Cette longue présence à la tête de la Tunisie a été rendue possible grâce à un amendement de la Constitution approuvé par référendum en 2002. Cet amendement de la Constitution avait supprimé la limitation à trois du nombre de mandats consécutifs et instituait une limite d'âge à 75 ans. Déjà en février 2007, le comité central du parti du Rassemblement constitutionnel démocratique avait appelé Ben Ali, 71 ans, à être son candidat à la présidence. Il a renouvelé son appel au président, qui a été réélu la dernière fois en 2004 avec 94,49% des voix exprimées face à trois concurrents, à briguer un nouveau mandat lors d'une ultime réunion de son comité central sortant le 15 juillet. Pour donner l'impression qu'il a réellement démocratisé la Tunisie, Zine El-Abidine Ben Ali avait fait introduire un amendement exceptionnel à la Constitution pour permettre à certains opposants de postuler à la présidence, une clause les exemptant du parrainage par 30 élus au moins, condition que seul peut remplir le RCD doté d'une majorité écrasante au Parlement. Toutefois, pour pouvoir écarter de la course tout candidat dangereux à même de pouvoir fausser les calculs, une clause de l'amendement oblige tout postulant à la présidence du pays à être aussi le dirigeant élu de son parti depuis au moins deux ans, ce qui de fait évince le seul candidat déclaré jusqu'ici, Ahmed Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP). Saisissant parfaitement, l'objectif de cette loi, ce dernier a dénoncé une “loi sur mesure” destinée, selon lui, à l'exclure de la course. Ainsi, grâce à la mainmise de sa formation politique sur la vie politique du pays, Zine El-Abidine Ben Ali contrôle tous les autres partis réduits à de simples figurants, car n'ayant aucune possibilité de rivaliser avec le RCD. La question, qui mérite d'être posée maintenant, est de savoir s'il ne songe pas à modifier une autre fois la Constitution à la fin de son cinquième mandat en 2014, pour s'assurer une présence à vie au palais de Carthage. On ne peut jurer de rien, et seul l'avenir nous renseignera sur les véritables intentions de Zine El-Abidine Ben Ali, qui donnait l'impression en écartant Bourguiba du pouvoir en 1987 de vouloir donner un autre visage à la Tunisie. K. ABDELKAMEL