Patrouille sur les plages, la vigilance à fleur de peau Peu après l'attentat de Port El Kantaoui, les autorités tunisiennes ont réintroduit l'état d'urgence, donnant des pouvoirs accrus aux forces de l'ordre, et multiplié les descentes. Des recherches actives ont été mises en branle après qu'un policier tunisien ait été tué mercredi dernier par deux inconnus à moto dans la région de Sousse (centre-est), théâtre en juin de la pire attaque terroriste de l'histoire du pays, a indiqué le secrétaire d'Etat chargé de la sûreté nationale, Rafik Chelly. «Des inconnus ont tiré sur trois policiers qui étaient sur une route. L'un d'eux a été touché, il est décédé à l'hôpital», a déclaré M.Chelly qui n'a pas écarté la piste de l'attentat terroriste.. «L'enquête est en cours, on ne peut rien dire d'autre» pour l'instant, a-t-il dit. Le ministère de l'Intérieur a affirmé que les deux autres policiers n'avaient pas été blessés, contrairement à ce qu'avait, dans un premier temps, annoncé la télévision nationale Wataniya1. L'incident s'est produit «à 7 km de la ville de Sousse», selon le ministère. D'après Wataniya 1, les policiers «étaient au bord de la route et attendaient un moyen de transport pour aller à Kairouan», ville du centre du pays, lorsque les deux hommes à moto ont tiré. La police pourchasse actuellement les assaillants, qui ont pu prendre la fuite, a ajouté le ministère. Cette attaque intervient moins de deux mois après le massacre perpétré par un étudiant tunisien dans un hôtel de Port El Kantaoui, près de Sousse. Trente-huit touristes étrangers, dont 30 Britanniques, avaient été tués le 26 juin dans cet attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). La Tunisie fait face, depuis sa révolution en 2011, à une progression de la mouvance terroriste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers et de 59 touristes au total. Tantôt estimés à 2000 et tantôt à près de 20.000, les éléments de cette mouvance ont majoritairement sévi en Afghanistan et, plus récemment, en Irak et en Syrie. Le fait que la plupart des attentats comme celui qui, le18 mars, a coûté la vie à 21 touristes et un policier tunisien au musée du Bardo, à Tunis, soient revendiqués par l'EI témoigne de la gravité de la situation. Peu après l'attentat de Port El Kantaoui, les autorités tunisiennes ont réintroduit l'état d'urgence, donnant des pouvoirs accrus aux forces de l'ordre, et multiplié les descentes. Le Parlement a aussi adopté une nouvelle loi antiterroriste que les autorités présentent comme nécessaire pour répondre à la multiplication des attaques jihadistes, mais que la société civile a vivement critiquée en disant y déceler des menaces pour les libertés. Les derniers attentats, qui ont choqué en Tunisie et à l'étranger, ont aussi porté un coup au secteur du tourisme, plombant un peu plus la croissance anémique de la Tunisie. Le pays fait figure de modèle de transition démocratique réussi dans le monde arabe depuis sa révolution, mais il est confronté, en plus de la menace terroriste grandissante, à des tensions socio-économiques toujours plus aiguës. La Tunisie doit aussi tenir compte du chaos grandissant dans la Libye voisine où des groupes armés s'affrontent depuis des mois, y permettant notamment l'émergence de l'organisation Etat islamique. Selon les autorités tunisiennes, les deux assaillants du musée du Bardo ainsi que celui de Port El Kantaoui ont été formés aux armes en Libye.