Près de trois mois après l'attentat meurtrier du Bardo, la Tunisie renoue avec les attaques terroristes. 37 personnes, dont des touristes étrangers dont la nationalité n'avait pas encore été divulguée hier en début d'après-midi, ont été tuées hier dans l'hôtel Imperial Marhaba, situé dans la zone touristique de Port el Kantaoui, aux abords de la ville de Sousse. Sur les circonstances de l'attaque, le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, évoque un homme armé qui «s'est infiltré par l'arrière de l'hôtel et a ouvert le feu». Henda Chebbi, une responsable du ministère de la Santé, a indiqué à la radio Mosaïque FM que 12 personnes avaient également été hospitalisées, présentant «des blessures de gravité diverse». A propos de l'auteur de l'attentat, M. Aroui, qui n'a pas écarté que l'attaque ait été menée par plus d'une personne, précisera qu'il a été abattu. Selon le secrétaire d'Etat aux affaires sécuritaires, Rafik Chelly, l'auteur est un étudiant tunisien, originaire de la région de Kairouan, et inconnu de la police. La Tunisie, qui craignait des attentats à l'approche de la saison touristique, avait annoncé des mesures sécuritaires accrues alors que des sites sur la Toile liés à la mouvance djihadiste avaient menacé de nouvelles attaques durant l'été. Pourtant, le pays est en état d'alerte maximale depuis l'attentat contre le musée du Bardo, à Tunis, qui avait fait 22 morts, dont 21 touristes étrangers, le 18 mars dernier, et revendiqué par les hommes de l'Etat islamique (Daech). Ce n'est pas la première fois que la région de Sousse est touchée par une attaque terroriste puisqu'en octobre 2013, un kamikaze, après avoir été repéré et pourchassé, s'était fait exploser sur une plage dans la zone touristique de Bou Jaâfar, devant l'hôtel Riadh Palms de Sousse dans le centre-est touristique de la Tunisie. A travers cette «égyptianisation» de l'aventure djihadiste en attaquant les sites touristiques, véritable secteur névralgique du pays, les groupes armés cherchent à fragiliser économiquement l'Etat. Ainsi, après l'attentat contre le Bardo, le secteur du tourisme a enregistré en avril un recul sur un an de 25,7% du nombre de touristes et de 26,3% des recettes en devises. Le tourisme, qui représente environ 7% du PIB de la Tunisie et près de 400 000 emplois directs et indirects, était déjà très affecté par les crises politiques à répétition et l'essor de la mouvance djihadiste qui ont suivi la révolution de janvier 2011. La ministre du Tourisme, Salma Rekik, avait rassuré, en avril dernier, en annonçant des «mesures exceptionnelles» pour renforcer la protection des sites et circuits touristiques ainsi que des contrôles dans les aéroports, les routes et les moyens de transport. Pour le moment, l'attentat n'a pas encore été revendiqué, mais hasard ou programmation, il intervient le même jour que deux autres attaques, l'une, revendiquée par l'EI, contre une mosquée chiite au Koweït, qui a fait au moins 25 morts, et l'autre en France, où un homme est mort décapité. Depuis 2011, le pays fait face à l'essor d'une mouvance djihadiste, en particulier à la frontière avec l'Algérie où des heurts réguliers ont lieu entre hommes armés et militaires. Des dizaines de soldats et policiers ont été tués, ces quatre dernières années, dans des affrontements et des embuscades, la majorité dans la région du mont Chaambi (centre-ouest) où se trouve le principal maquis djihadiste en Tunisie.