Le chef de file du cartel a plongé les économies de certains de ses membres (Algérie, Venezuela, Equateur...) dans la crise. Le Royaume wahhabite utilise l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pour ses seuls intérêts. Une coquille vide où seule sa voix résonne. Dans pareil cas, l'Opep n'a aucun intérêt d'exister et ses membres qui ne font que de la figuration face à «l' ogre saoudien» devraient avoir le courage d'en claquer la porte. La sortie médiatique de son ministre du Pétrole du 22 décembre 2014 est édifiante à ce sujet. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré Ali al-Nouaïmi, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole. Un baril à 20 dollars ne fait pas peur au «gendarme de l'Opep». Logique pour un pays d'à peine 30 millions d'habitants (dont près de 10 millions d'étrangers) qui repose de surcroît sur un matelas financier de près de 800 milliards de dollars de ne pas avoir peur du climat de morosité dans lequel a sombré le marché de l'or noir. Surtout lorsque l'on veut défendre un statut contesté (par les USA) de premier producteur mondial en extrayant quelque 11 millions de barils par jour. Il est acquis que le royaume est le membre le mieux armé de l'organisation pour faire face à ce qui s'apparente à un choc pétrolier, en plus de faire la pluie et le beau temps au sein de cartel. La surabondance du marché pétrolier qui demeure responsable de l'effondrement des prix du pétrole bénéficie en fait aux Américains et à leur traditionnel allié: l'Arabie saoudite. Selon la stratégie dictée par le chef de file de l'Opep, l'extraction du pétrole de schiste, qui ne deviendrait pas rentable à partir d'un certain niveau, épongerait le surplus d'or noir et pousserait par conséquent les prix à la hausse. Une théorie qui ne tient pas debout. Sur le terrain la réalité est toute autre. «L'offre de pétrole reste très importante, notamment le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Le pays produit 9,7 millions de barils de pétrole par jour, dont 3 à 4 millions de pétrole de schiste. C'est bien ce facteur qui a modifié la donne pétrolière», a estimé Jean-Louis Schilansky, qui pilote le Centre français des hydrocarbures non conventionnels (Chnc) dans une interview au quotidien français La dépêche. Et les Saoudiens que font -ils? «L'Arabie saoudite continue d'extraire de grandes quantités de pétrole et n'a pas réduit sa production. Son objectif permanent est de tenter de conserver ses parts de marché», affirme l'ex président de l'Ufip (Union Française de l'Industrie pétrolière). L'Arabie saoudite appelle l'Opep à maintenir son plafond de production, pendant ce temps-là elle augmente la sienne. Les Saoudiens ont roulé l'Opep dans la farine. Une arnaque. Une trahison. Un crime... En s'opposant à toute réduction de la production de l'organisation, le chef de file du cartel a plongé les économies de certains de ses membres (Algérie, Venezuela, Equateur...) dans la crise au risque de les déstabiliser. Et le pire est sans doute à venir. «Tant que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ne changera pas de stratégie, nous resterons dans un épisode baissier, et je pense que nous testerons encore les 40 dollars la semaine prochaine», a annoncé James Williams, de Wtrg Economics. Sachant que l'Arabie saoudite a juré de ne pas bouger le petit doigt, une sanction historique s'impose, quitte à faire voler en éclats l'Organisation: Riyadh doit quitter l'Opep!