L'actuelle baisse des prix du pétrole dans le monde résulte d'un complot politique entre certains pays (Etats-Unis et Arabie saoudite) Le président vénézuélien Nicolas Maduro, cité hier par le quotidien Moskovski komsomolets, a accusé les Etats-Unis de tenter de détruire les économies russe et vénézuélienne à travers la chute «programmée» des cours de l'or noir. Que cache la dégringolade des prix du pétrole? Pour le Venezuela rien d'autre qu'une «guerre du pétrole». Le président vénézuélien Nicolas Maduro, cité hier par le quotidien Moskovski komsomolets (quotidien russe très populaire qui tire à près de 1 million d'exemplaires), a accusé les Etats-Unis de tenter de détruire les économies russe et vénézuélienne à travers la chute «programmée» des cours de l'or noir... Elle viserait également à éliminer l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a-t-il souligné. Si cette affirmation venait à se vérifier le jeu trouble que mène l'Arabie saoudite pour faire face à cette terrible baisse des prix du brut contribuerait largement à l'implosion du cartel qui pompe environ 35% du pétrole mondial. Le chef de file du cartel qui a imposé sa décision de laisser inchangé le plafond de production de l'organisation lors de la dernière réunion qui s'est tenue à Vienne en Autriche le 27 novembre 2014 envisage d'aller jusqu'au «pourrissement». «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le 22 décembre 2014 le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). Une situation intenable pour de nombreux pays de l'Opep. Leurs économies qui reposent en grande partie sur les exportations de l'or noir et qui ont besoin d'un baril à 100 dollars au moins pour équilibrer leurs budgets et assurer la paix sociale risquent de s'effondrer comme des châteaux de cartes. L'Algérie qui vient d'acter cette crise qui se profile a décidé de procéder au gel des recrutements au sein de la Fonction publique et a appelé à la rationalisation des dépenses publiques tout en s'opposant frontalement au cavalier seul du Royaume wahhabite. «L'Algérie ne partage pas la position des gros producteurs au sein de l'organisation (l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, Ndlr), selon laquelle l'Opep doit cesser d'intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même», a déclaré samedi dernier le ministre de l'Energie, lors d'un point de presse organisé à l'issue de son déplacement dans le bassin d'Ahnet (Tamanrasset) pour assister au premier forage de gaz de schiste. L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres», a souligné Youcef Yousfi qui a fustigé la position des gros producteurs de l'Opep. «Ces gros producteurs ont défendu leur position par le fait que les baisses opérées par l'organisation par le passé ont toujours profité aux pays non membres de l'Opep qui gagnaient des parts de marché supplémentaires à leurs dépens.», a-t-il fait remarquer. Ce face-à-face entre Alger et Riyadh est-il annonciateur d'une remise en cause du leadership saoudien? «Les Saoudiens parlent au nom de l'Opep (...) mais si le prix du pétrole tombe aussi bas (à 20 dollars le baril), ils pourraient faire face à une opposition (interne) qui serait dure à surmonter», a prévenu l'analyste Connor Campbell de Spreadex. Cette guerre des prix qui ne dit pas son nom provoquée par les Etats-Unis depuis qu'ils ont inondé le marché de pétrole de schiste a fait tâche d'huile. Elle prend un caractère idéologique au point d'être comparée à une «cabale». Contre qui est-elle dirigée? «L'actuelle baisse des prix du pétrole dans le monde résulte d'un complot politique entre certains pays (Etats-Unis et Arabie saoudite Ndlr)» a affirmé le président de la République islamique d'Iran dont le pays est sévèrement touché par la dégringolade des cours de l'or noir. «La chute des prix du pétrole est le résultat d'un complot contre les peuples de la région et l'ensemble des musulmans», a déclaré le 10 décembre dernier Hassan Rohani, cité par Press TV. Le vent de la rébellion monte en intensité. «La Russie et le Venezuela n'ont pourtant aucune envie de capituler, nous poursuivrons notre lutte et ils (Les Etats-Unis Ndlr) ne seront pas en mesure de prendre le dessus», a assuré le président vénézuélien Nicolas Maduro. D'autres pays s'y rallieront certainement. La guerre du pétrole ne fait que commencer.