Le président du Cncppdh appelle à la mise en oeuvre rapide du projet de Bouteflika. Depuis qu'elle a été «prêchée» par le président de la République, dimanche 31 octobre, à la veille de la célébration du cinquantenaire de la Révolution, l'idée de recourir au référendum pour accorder l'amnistie générale au profit des terroristes récalcitrants, pour épineuse qu'elle soit, continue, à ce jour, à alimenter les «disettes» politiques. Pour sa vocation de protectrice des droits humains, la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (Cncppdh), intervient à son tour dans le débat, mais néanmoins avec une certaine prudence. Son président, Farouk Ksentini qui se dit favorable au projet «éminemment» politique de Bouteflika, car «cette mesure contribuera à la cessation des violences et au rétablissement de la paix civile», préfère, lui, parler, le plus d'amnistie «sélective» dans laquelle tous les crimes ne seront pas de facto blanchis. «Je pense que certains crimes seront exclus de cette mesure», a-t-il ajouté sans être toutefois plus prolixe sur la nature qu'il dit ignorer de ce projet. Pour autant, on voit mal M.Ksentini convaincre le chef de l'Etat du bien-fondé de cette «amnistie générale, mais sélective». M.Bouteflika, à la veille du 1er-Novembre, du haut de sa tribune, ne s'est pas fait prier pour dire à quel point cette initiative lui tient à coeur et qu'il compte sur la volonté populaire pour la mettre en pratique. «Je suis un partisan de l'amnistie générale» n'a-t-il alors cessé de répéter. Car le président du Cncppdh, bien qu'il soit l'homme lige du président sur les questions des droits de l'homme, les marges de manoeuvres qui lui ont été attribuées, ne sont pas évidemment, comparables à celles du chef de l'Etat. Notre interlocuteur craint par ailleurs de voir des personnes qui ne le «méritent pas», bénéficier des largesses de l'amnistie. En termes plus clairs, il s'agit des terroristes coupables de graves crimes qui pourraient être blanchis, alors que cette éventualité fût dans un passé récent catégoriquement exclue par le président lui-même. Bref, sélective ou pas, l'avocat préconise la promptitude dans la mise en oeuvre « mesure » qu'il qualifie avec insistance de «courageuse» et «d'opportune». Il pense que l'heure, actuellement, est à la réhabilitation de l'économie nationale «c'est pour cette raison qu'il nous faudra aller plus vite», a-t-il suggéré. Plus conciliant encore aura été le commentaire de ce dernier au sujet du niet «catégorique» exprimé par certaines associations des victimes du terrorisme. Celles-ci sont, rappelle-t-on, montées au créneau au lendemain du discours présidentiel pour dénoncer, non sans stupeur, ce qu'elles ont appelé «la réconciliation avec les assassins». M.Ksentini, à ce propos fait montre de fair-play: «Nous sommes en démocratie. Les associations ont le droit d'exprimer leur point de vue. Je dirai toutefois qu'elles garderont le statut de victimes» Mais le ton conciliant a laissé place à l'inquiétude voire l'effroi au sein de ces entités associatives, lesquelles à en croire les responsables de certaines d'entre elles dont M.Merabet, président de Soumoud, préparent une contre-offensive à la mesure du projet de Bouteflika. Les associations des familles de disparus n'ont pas été en reste de ce «vacarme» médiatique, pour l'instant. Nombre d'entre elles se sont d'ores et déjà exprimées sur le sujet en subordonnant leur assentiment au règlement définitif de la question des disparus. Chose qui ne vient pas baliser le terrain pour la mise en oeuvre du projet. L'on sait déjà, à titre de résumé, que Bouteflika est connu pour ne pas manquer de détermination surtout que ce dernier, depuis son investiture à la tête de l'Etat en 1999, n'a pas caché son penchant pour cette amnistie générale, mais qu'il n'a pu appliquer en raison de l'atmosphère politique d'alors peu favorable au discours réconciliateur. Mais le 8 avril dernier et l'entrain populaire et électoral qui s'est exprimé autour de la réconciliation nationale a fait que Bouteflika, les coudées plus franches que jamais, n'hésitera pas une seconde pour mener à bon port son projet politique dans lequel l'amnistie générale semble prendre un chapitre crucial.