Les réformes tous azimuts envisagées par l'Etat algérien ne peuvent être mises sur rails sans le rétablissement de la paix. Le concept de réconciliation nationale, à peine effleuré lors du premier mandat du chef de l'Etat constitue, depuis le 8 avril 2004, une option stratégique de la démarche présidentielle. Ainsi les actions et autres déclarations du chef de l'Etat convergent toutes vers la nécessité de promouvoir le concept de réconciliation nationale, au point d'en faire la finalité première de la politique du gouvernement. Ainsi, depuis sa réélection à la tête de l'Etat, le président Bouteflika a évoqué cette question de manière quasi systématique, relayé, faut-il le signaler, par l'ensemble des ministres et les responsables des partis composant l'Alliance présidentielle. Ainsi, les différents textes de lois, ayant trait à la réforme de la justice ou à la situation de la femme dans la société, ont été votés par l'APN, en application, dit-on dans les milieux politiques proches du pouvoir, de la démarche de réconciliation nationale. Jusqu'en novembre 2004, la réconciliation nationale était sujette à diverses interprétations. La veille de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la révolution, le chef de l'Etat lui donne une dimension concrète en proposant une amnistie générale. Depuis lors, les contours de la démarche présidentielle ont commencé à s'esquisser. Il ressort donc de la démarche présidentielle une volonté de mettre l'Algérie sur la voie de la modernité, à travers les réformes de fond au plan législatif, tout en mettant un terme définitif à la période de violence qu'a vécue la nation. Cette première année du second mandat de Bouteflika aura été celle de la confirmation de la démarche de concorde civile, puisqu'elle se voit promue à un niveau stratégique. Et pour cause, les réformes tous azimuts envisagées par l'Etat algérien ne peuvent pas être mises sur les rails sans rétablir la paix, non seulement sur le terrain, mais également dans les esprits. C'est donc dans ce sillage que vient naître l'idée de la réconciliation nationale comme étant un projet destiné à régler en profondeur la crise algérienne. En fait, l'action présidentielle, on l'a bien vu, est destinée à plusieurs catégories sociales qui, chacune revendiquent une prise en charge effective de la part des instances de l'Etat. Ainsi, ce projet global, dont sa mise en oeuvre dépendra de l'approbation du peuple, devra, à coup sûr, canaliser une crise qui a trop duré, mais aussi répondre à des attentes, à maintes reprises, formulées par la société. Le dossier des disparus et la crise de Kabylie connaîtront, à la lumière dudit projet, le bout du tunnel. D'ailleurs, le dialogue avec le mouvement citoyen relancé par le gouvernement explique, sans l'ombre d'un doute, la volonté d'assainir une crise, née des tragiques événements du Printemps noir. Pour ce qui est du dossier des «disparitions forcées», porté à cor et à cri par les familles des disparus, le premier magistrat du pays n'a pas failli à ses engagements en mettant en place une commission ad hoc afin de prendre en charge cette question, l'une des plus épineuses née de la précédente décennie qu'a vécue notre pays. M.Farouk Ksentini, président de ladite commission, chargé par le président de prendre en main le dossier des disparus, a d'ailleurs remis récemment son rapport au premier magistrat du pays. Un signe révélateur de l'attention particulière accordée par le président Bouteflika à cette question, respectant ainsi ses engagements de répondre favorablement aux attentes des familles des disparus. Aussi, sommes-nous tentés de dire l'idée de «réconciliation nationale» a bien mûri en une année de mandat. La société semble avoir saisi la portée stratégique du message présidentiel et est en attente de la loi sur l'amnistie générale, censée formaliser son adhésion à la politique du chef de l'Etat. Cela dit, le concept en lui-même ne s'arrêtera pas à un simple référendum. La démarche de réconciliation nationale qui brasse un large spectre de préoccupations citoyennes est une oeuvre de longue haleine. Le président de la République l'a, lui-même, affirmé à plusieurs reprises.