D'aucuns évoquent carrément une révision de la Constitution afin que «l'élu» des Américains puisse triompher. Arafat est-il mort ou pas ? C'est la question que doivent se poser des centaines de millions de personnes qui suivent avec anxiété l'évolution de la situation dans les territoires occupés. Ainsi, les craintes exprimées dès l'annonce de l'aggravation de l'état de santé du leader de la cause palestinienne, se sont avérées on ne peut plus fondées. Une lutte intestine a commencé à opposer les dauphins d'Arafat, cherchant tous à accaparer la place. Ainsi, le journal londonien Ashark El Awssat, bien introduit s'agissant de ce genre de questions, cite-t-il des sources proches des pouvoirs exécutif et législatif palestiniens pour évoquer la très probable révision de la Constitution afin de permettre à Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, de succéder à Yasser Arafat, au lieu que ce soit le président du conseil législatif, Rawhi Fettouh. Abou Mazen, comme nous l'écrivions hier, a été «choisi» par les Américains et les Israéliens, qui ont décidé que la Palestine deviendrait fréquentable et que le processus de paix pourrait être relancé une fois la mort d'Arafat décrétée et la succession de Mahmoud Abbas officialisée. Partant de ces nouveaux rebondissements, auxquels les funérailles du Vieux Lion ne sont jamais tout à fait étrangers, l'on comprend pourquoi Abou Mazen, Ahmed Qoreï et autres, soient pressés de voir Arafat mort, et évoquent implicitement des soupçons sur les bulletins de santé du mourant en émettant le voeu d'aller le voir à Paris. Ainsi, trois hauts responsables palestiniens ont finalement décidé de se rendre hier au chevet de Yasser Arafat à Paris après avoir envisagé d'y renoncer en raison de l'onde de choc des propos de Souha Arafat qui les a accusés de vouloir «enterrer vivant» son mari. La délégation, formée du numéro 2 de l'OLP Mahmoud Abbas, du Premier ministre, Ahmed Qoreï et du chef de la diplomatie, Nabil Chaath «quittera Ramallah dans l'après-midi pour Amman et se rendra à Paris dans la soirée», a indiqué le secrétaire de la présidence, Tayeb Abdelrahim. Souha Arafat, l'épouse du président palestinien hospitalisé depuis le 29 octobre à Paris, a accusé les trois responsables palestiniens de comploter contre son mari, dans une déclaration diffusée lundi par la télévision Al-Jazira du Qatar. «Abou Ammar (nom de guerre d'Arafat) se porte bien et va regagner sa patrie», mais «Abbas, Qoreï et Chaath, qui cherchent à hériter de son pouvoir, veulent enterrer Arafat, vivant», a-t-elle dit en parlant de «complot», dans ce qu'elle a présenté comme un «appel» au peuple palestinien. Ces propos avaient incité un temps les trois responsables palestiniens à envisager de reporter leur voyage à Paris destiné à obtenir de première main, les détails sur l'état de santé de leur dirigeant, au sujet duquel des informations contradictoires circulent. Toutefois et après d'intenses consultations, ils ont maintenu leur départ.Le président du Conseil législatif palestinien, Rawhi Fattouh, affaibli par les rumeurs faisant état de son éviction au profit d'Abou Mazen, tenterait de se racheter en croisant le fer avec Souha, une femme à abattre en même temps que son mari. Le responsable palestinien a ainsi exigé, sans grande conviction, «des excuses» de Mme Arafat. «Il revient à Mme Souha Arafat de présenter des excuses au peuple palestinien, car elle a été dure pour ce peuple», a dit M.Fattouh sur Al-Jazira. De leur côté, les mouvements palestiniens armés refusent catégoriquement d'entrer dans ce genre de polémiques et conflits de Palais, préférant redoubler leurs attaques. Le mouvement Hamas est allé jusqu'à rejeter la moindre trêve en attendant que le vieux leader soit inhumé, très probablement dans la bande de Ghaza après des funérailles qui auraient lieu en Egypte, en présence de l'ensemble des chefs d'Etats arabes et de nombreux hauts responsables du restant du monde. La force 17, troupes d'élite formant la garde rapprochée d'Arafat, a pour sa part, rejeté cette option, décrétant qu'elle était prête à se battre jusqu'à la dernière goutte de son sang afin que Arafat soit enterré à El-Qods.