Arafat sera prochainement libre de ses mouvements, mais la confusion demeure savamment entretenue par Israël. Israël sort par la fenêtre pour revenir par la porte ! L'armée israélienne d'occupation s'est, dit-on, retirée de Ramallah, pour mieux agresser El-Khalil (Hébron) réoccupée hier. De fait, les troupes d'occupation israéliennes sont toujours à Ramallah, et dans le meilleur des cas, le président Arafat, que d'aucuns annonçaient avoir recouvré sa liberté, ne sera pas totalement libre avant, au moins samedi prochain. C'est le ministre israélien de la Défense Benyamin Ben Eliezer qui affirmait, hier, que le siège de Ramallah ne sera levé que «dans quelques jours» et que le président palestinien pourra «aller où il veut» seulement après qu'un lieu d'hébergement soit trouvé, dans les territoires occupés, (l'armée israélienne a détruit, durant le mois d'avril, tous les QG de même que toutes les prisons de l'Autorité palestinienne) pour accueillir les cinq Palestiniens coupables présumés de l'assassinat du ministre israélien du Tourisme Ravaham Zeevi. Ces personnes, présentement assiégées avec Abou Ammar au QG de Ramallah, seront mises sous la garde, - après l'accord donné par Yasser Arafat à la proposition du président Bush -, d'experts américains ou britanniques. Arafat va sans doute retr- ouver sa liberté de mouvement, mais cela laisse en plan le fond du problème qui n'a pas évolué d'un iota. Certes, Ariel Sharon, qui a déclaré Yasser Arafat «hors jeu», n'a pas réussi à éliminer le leader palestinien obtenant plutôt l'effet contraire en consolidant la position d'interlocuteur incontournable du président palestinien. Mais, il faut bien relever que le problème est ailleurs, et le coup de force israélien contre l'Autorité autonome palestinienne s'était traduit par un échec patent, même s'il faut déplorer la destruction des infrastructures palestiniennes et les centaines de morts parmi la population palestinienne. Au moment où l'ONU se ridiculise en négociant son droit d'investigation dans le camp de Jénine pour établir les faits sur les graves événements qui s'y sont passés, les Israéliens, toujours aussi arrogants, continuent de qualifier de «terrorisme» l'action de la résistance palestinienne. Les choses se sont encore compliquées ces derniers mois du fait de l'analyse erronée que font les Américains sur la nature du conflit opposant Palestiniens à Israéliens, contribuant, sans doute indirectement, à fausser la donne du dossier proche-oriental en plaçant, trop facilement, les représailles de l'armée d'occupation israélienne, contre le peuple palestinien, dans le contexte de la lutte contre le terrorisme international. Une fleur gratuite donnée à Sharon qui n'a pas hésité à faire le parallèle entre Yasser Arafat et Oussama Ben Laden, ennemis, selon lui, d'Israël pour le premier, des Etats-Unis pour ce qui est du second. En fait, la politique américaine au Proche-Orient s'est trouvée désarticulée et en porte-à-faux avec les analyses divergentes que font les départements des Affaires étrangères et de la Défense de la situation induite, dans les territoires palestiniens occupés, par le développement de s israéliennes contre la population palestinienne. Lors de sa mission au Proche-Orient, qui s'est achevée par un échec retentissant, Colin Powell était bloqué par l'indécision et la fluctuation montrées par la Maison-Blanche tiraillée entre la souplesse préconisée par sa diplomatie et la fermeté appuyée par sa Défense. Les Arabes, en général, les Palestiniens particulièrement n'avaient pas d'amis dans l'Administration américaine, trop prompte à pencher pour Israël. Ainsi, le ministre américain de la Défense, Donald Rumsfeld, partisan de la fermeté contre Yasser Arafat, épouse totalement le point de vue du Premier mini- stre israélien, perdant de vue le fait que le dossier palestinien est depuis 55 ans du fait des obstacles mis par Israël à l'érection de l'Etat palestinien indépendant, et n'a aucune relation avec la montée en puissance du terrorisme international. La question palestinienne est donc et demeure un problème politique qui demande une solution politique. Ce que n'admet pas Sharon qui a tenté d'imposer sa solution en ruinant le processus de paix en la personne du président Arafat, détenu indûment prisonnier durant plus d'un mois, et par la destruction des infrastructures de l'Autorité autonome palestinienne, assimilée à une organisation terroriste par le chef du gouvernement israélien. Pendant plus d'une année et demie, Sharon a mené une guerre sans merci contre les Palestiniens détruisant tout ce qui pouvait rappeler l'idée d'un Etat palestinien. Après son échec à déboulonner Yasser Arafat et l'Autorité autonome palestinienne, Ariel Sharon comprendra-t-il enfin, que l'avenir d'Israël se trouve dans la Palestine? On est en droit d'en douter.