C'est un véritable choc à Canal+. Cécilia Ragueneau, directrice d'i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+, ont été limogées vendredi 4 septembre, par Vincent Bolloré, le tout-puissant nouveau patron de la télévision à péage. L'ex-directeur de la rédaction de Direct 8, Guillaume Zeller, est nommé directeur de la rédaction de la chaîne d'info. Le journaliste et écrivain Philippe Labro, historique de la chaîne Direct 8, «sera aux côtés de Guillaume Zeller dans un rôle de conseil et lui apportera son expertise», précise un communiqué publié vendredi soir. «Jean-Christophe Thiery, président du directoire de Canal+, est chargé de développer la chaîne d'info du Groupe Canal+», lit-on encore. Selon les médias français, c'est vers 18 heures vendredi que MM.Thiery et Zeller ont informé la rédaction d'i-Télé lors d'un passage au sein de la chaîne. Face aux interrogations des journalistes, notamment en matière de ligne éditoriale, le successeur de Bertrand Méheut à la tête de Canal+ a assuré que la chaîne resterait focalisée sur le «hard news», sans plus de précision. Si l'installation de ce nouveau patron à la tête d'une télévision d'information continue n'est pas une nouveauté dans cet océan des affaires, c'est en revanche son parcours et ses tendances politiques qui inquiètent. Dans sa biographie, Guillaume Zeller est présenté comme proche des milieux catholiques conservateurs. Il est régulièrement l'invité de Radio Courtoisie, a écrit sur D8 des critiques littéraires dans l'émission catholique «Dieu merci!» et pour le blog de Robert Ménard «Boulevard Voltaire», sur lequel il a notamment expliqué que le général Paul Aussaresses «aurait pu être un héros» et a invité à relativiser l'importance de son recours à la torture en considérant «la cruauté des méthodes adverses» et «la démission du pouvoir républicain qui a confié à l'armée des tâches policières étrangères à sa vocation». Le nouveau patron d'I-télé, M.Zeller, n'a jamais dirigé un média d'information puissant. C'est surtout un ancien chargé d'enquêtes au service historique de l'armée de terre, il a notamment publié «Oran: 5 juillet 1962» (Tallandier), sur la campagne anti-européenne commise le 5 juillet à Oran contre les pieds-noirs. Ou «La Baraque des prêtres, Dachau 1938-1945» (Tallandier), sur les religieux déportés. Ou encore «Un prêtre à la guerre» (Tallandier), avec l'aumônier des parachutistes de Montauban, dont certains membres furent tués par Mohamed Merah. Le portrait du nouveau patron d'i-Télé, est diamétralement opposé à celui de Mme Pigalle et Mme Ragueneau qui, durant le passage à la direction de la chaîne, avaient développé un discours autour de valeurs pour se démarquer de la première chaîne d'information, BFM-TV, qui est accusée de «jouer sur les peurs», en favorisant le FN. I-Télé s'était aussi distinguée en se séparant du polémiste très à droite Eric Zemmour qui s'interroge sur son avenir. De chaîne de gauche ouverte aux diversités et à la tolérance, elle pourrait se transformer en nouvelle télévision de droite. [email protected]