Le drame de la Syrie n'épargne personne, même les stars de cinéma et de la télévision qui gardent toujours quelques privilèges du régime de Damas, sont des victimes du drame que vit leur pays. Ainsi Ali Kareem, acteur du célèbre feuilleton «Bab Al-Hara», a été aperçu à Izmir en Turquie. Il était parmi les migrants syriens en route vers l'Europe. Vivant à Damas, Ali Kareem a, selon plusieurs médias syriens, laissé tout tomber et préféré partir en Europe. L'acteur, qui a incarné le rôle du lieutenant Abou Ennar dans la célèbre série dramatique syrienne diffusée sur quasiment toutes les chaînes de télévision arabes, a totalement disparu de la scène artistique depuis 4 ans. Cette situation intervient après l'assassinat par les terroristes de Daesh du cinéaste Bassam Mohieddine al-Hussein et surtout du grand acteur palestinien travaillant à Damas Mohammed Ahmed Rafea. Ce comédien fait partie de ces innombrables palestiniens fiers de vivre dans un pays dont le gouvernement a toujours fait de la cause palestinienne sa raison d'être. Mohamed Rafea est l'un de ces innombrables intellectuels patriotes syriens qui, comme le poète Adonis ou l'acteur Zouhair Abdelkarim, ont très vite compris que les revendications populaires légitimes du peuple syrien ont été instrumentalisées et détournées par les pires ennemis de la Syrie. «Tous les dirigeants arabes nous ont trahis. Le seul qui a toujours défendu la Palestine est le gouvernement syrien», avait récemment déclaré Mohamed Rafea devant la caméra d'une journaliste britannique. Ses opinions avaient fait de lui la bête noire de l'opposition radicale syrienne. En 2011 Mohammed Rafea a été froidement assassiné par une brigade de l'Armée syrienne soi-disant libre (ASL) devant son domicile à Damas sous l'accusation d'être un milicien pro-gouvernemental (chabbiha).Pour l'ASL, l'accusation d'appartenir aux chabbiha est devenu le prétexte idéal pour liquider tous les Syriens qui ne sont pas de son bord. «Bab el Hara», littéralement «La Porte du quartier», décrivait le mode de vie des Damascènes à l'époque de la domination coloniale française et la lutte du peuple syrien pour son indépendance. «Bab Al Hara», a beaucoup touché l'opinion publique arabe, elle dépeint surtout les évènements qu'a traversés la Syrie dans les années 1900 et 1910 puis 1930 respectivement sous l'Empire ottoman et durant la colonisation française. Car le feuilleton évoque avec nostalgie un Monde arabe en harmonie avec son identité et son passé historique. Le contraste avec l'époque actuelle marquée par une grave crise identitaire, culturelle et politique et avec la situation que vit la Syrie, donne à cette nostalgie un goût amer et douloureux. Mais malgré la guerre et la défection de nombreux comédiens et techniciens, la série s'est poursuivie au grand bonheur de ses stars et de son principal producteur, le groupe saoudien MBC. [email protected]