Federica Mogherini reçue par Abdelmalek Sellal en présence de Ramtane Lamamra L'Accord d'association avec l'Union européenne désavantage l'Algérie. Sa révision est prévue des deux côtés, mais les discours masquent la réalité. Après avoir réussi à reporter le démantèlement tarifaire qui était prévu dans le cadre de l'Accord d'association avec l'Union européenne, l'Algérie a obtenu le principe de la révision de cet accord. En effet, lors de sa visite de travail, jeudi dernier à Alger, la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, a indiqué que les discussions sur la révision de l'Accord d'association mis en oeuvre en septembre 2005, seront lancées «dans les semaines prochaines». Cette renégociation de l'accord intervient, pour rappel, à la demande de l'Algérie qui a considéré qu'il est «déséquilibré» et qu'«elle perd plus qu'elle ne gagne» avec l'UE en matière d'échanges commerciaux et de concessions tarifaires. Les chiffres des douanes algériennes sont, à cet égard, édifiants. En effet, sur un total de 30,560 milliards de dollars d'importations globales de l'Algérie enregistrés de janvier à fin juillet 2015, 15,67 milliards proviennent de l'UE, soit un taux de 50,62%. En termes d'investisseurs de l'UE en l'Algérie, seuls 316 projets d'une valeur de 7,7 milliards d'euros ont été réalisés par des investisseurs européens durant la période allant de 2002 à 2014. C'est pourquoi, dans un discours solennel tenu lors de la 9e réunion du Conseil d'association Algérie-UE, tenue le 9 juin à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé que «dans ce partenariat, l'Algérie a donné plus qu'elle n'a reçu»». Dans un communiqué rendu public par les services du Premier ministre à l'issue d'une réunion tenu entre Abdelmalek Sellal et Federica Mogherini, il a été souligné que l'entretien entre les deux responsable «a donné lieu à une évaluation des relations qu'entretient l'Algérie avec l'Union européenne à la lumière des récentes évolutions enregistrées aussi bien en matière de Politique européenne de voisinage que sur le plan de la conjoncture économique mondiale marquée par des bouleversements importants». Le même communiqué précise qu'il convient de consolider l'Accord d'association « dans un cadre mutuellement avantageux et une coopération sectorielle renforcée, compte tenu des bonnes relations qui existent entre l'Algérie et l'UE». Federica Mogherini a également rencontré Ramtane Lamara et les mêmes sujets ont été abordés et des «échanges fructueux» ont été signalés de part et d'autre. «Nous avons des relations qui se portent bien avec la volonté de les développer et de les renforcer davantage», a indiqué, dans ce sillage, le chef de la diplomatie algérienne en soulignant que «les résultats en matière de coopération politique sont appréciables». Pour le principe donc, l'Union européenne a signifié clairement son acceptation pour la révision de l'accord. Néanmoins, en plus de l'imprécision de l'agenda de sa «révision», celle-ci semble improbable, vu la réaction pour le moins surprenante de Fédérica Mogherini qui, malgré son soutien à la demande algérienne, est ligotée par l'impératif de défendre les intérêts de la communauté européenne. En effet, au moment où Alger multiplie ses déclarations en faveur d'une révision plus «juste» et plus «équilibrée», au moment où elle revendique la levée des barrières tarifaires et non tarifaires imposées aux produits algériens, au moment où elle se plaint de la baisse des investissements européens en Algérie, la Haute représentante de l'Union européenne a appelé Alger à «mettre en place des réformes ambitieuses» pour bénéficier «pleinement» de ce partenariat, propos qui placent la partie algérienne de facto dans une mauvaise posture. «Pour bénéficier pleinement de l'accord, il convient de mettre en place des réformes ambitieuses. Un exemple est celui de l'amélioration de l'environnement, sur lequel l'UE va démarrer un nouveau projet de coopération», a-t-elle déclaré. Alors, que va-t-il se passer dans «les prochaines semaines»?