Il est désormais paradoxal, voire bizarre, de s'étonner des pantalonnades et des indignités des dirigeants arabes qui regardent avachis les malheurs qui frappent les peuples qu'ils prétendent conduire. Il en est ainsi des Palestiniens qui subissent dans leur chair et dans leur patrimoine les exactions de l'occupant israélien. Même la destruction du troisième Lieu Saint de l'islam à Al-Qods occupé, ne les a pas sortis de leur torpeur, ne levant pas le petit doigt pour venir en aide, si ce n'est au secours, de Palestiniens écrasés, humiliés par les armées d'occupation israéliennes. Où sont les «Arabes»? Où est ladite «Ligue des Etats arabes»? Que font-ils, que fait-elle pour mettre un terme aux exactions sionistes contre le peuple palestinien? Des questionnements qui ne semblent pas avoir de réponse(s) ou celle(s)-ci sont-elle(s), par trop évidente(s) pour que l'on s'y appesantisse? Or, quel enthousiasme, quel fermeté ont-ils déployés face aux Houthis yéménites. C'est plus facile de s'en prendre aux Houthis qu'à Israël! Il en est ainsi des monarchies du Golfe qui amoncelaient des tonnes d'armements. On s'étonnait dès lors, quant à l'acquisition de cet extraordinaire armement dont on se demandait à quoi il pouvait bien servir. Si d'aucuns ont eu cette idée puérile que cet arsenal - qui a coûté des centaines de milliards de dollars confortant le complexe militaro-industriel américain - servirait à défendre les Arabes, la réalité des faits les aura démentis. Non, Israël n'est pas l'ennemi des monarchies, suivez les regards des rois et émirs qui pointent un doigt vengeur sur l'Iran. Aussi, à défaut de combattre à visage découvert, ce présumé antagoniste régional (que serait l'Iran), le wahhabisme s'en prend à son ersatz: les Houthis. Qu'il était gratifiant de montrer ainsi sa «force». Contre qui? Contre des groupes d'opposants chiites, une force qu'il n'était évidemment pas prévu qu'elle s'exprime contre Israël. L'Egypte? Elle a été expulsée du champ de bataille palestinien [par l'accord de Camp David] et n'a plus son mot à dire dans le contentieux israélo-palestinien. La Jordanie? Elle aussi est neutralisée et entretient des relations diplomatiques avec l'entité sioniste. Ainsi, les gardiens jordaniens ont été expulsés dimanche d'Al Aqsa (la Jordanie est officiellement la gardienne des Lieux Saints d'Al-Qods occupée). Comment a réagi Amman? Par un communiqué, quand il fallait rappeler son ambassadeur à Tel-Aviv. Donc exit l'Egypte, exit la Jordanie. La Syrie, seul pays qui résistait à Israël a été piégée par une guerre civile dans laquelle les monarchies du Golfe ne sont pas étrangères. Dans ce fatras que reste-t-il de ladite Ligue arabe? Aussi, dans le Monde dit «arabe» reconfiguré, ce sont l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis - ceux-là même qui mènent depuis six mois la guerre de destruction contre le Yémen - qui sont en pointe, disent les choses et représentent la «force» agissante qui domine la fictive «Ligue des Etats arabes». Celle-ci, s'est encore signalée par des communiqués, quand il fallait prendre des décisions énergiques au moment où la Mosquée d'Al Aqsa est attaquée par l'armée d'occupation israélienne et les hordes sionistes. C'est cette même Ligue arabe qui a donné son feu vert à l'attaque de la Libye par l'Otan en 2011 et couvert les manoeuvres de déstabilisation de la Syrie par certaines monarchies du Golfe. Il ne faut donc pas s'attendre de la part de celles-ci à des surprises, leur choix politique et stratégique est fait: se soumettre au diktat états-unien et, par ricochet, israélien. Les monarchies ne feront donc rien pour secourir les Palestiniens et le troisième Lieu Saint de l'islam: Al Aqsa. A bon droit [?], le souverain saoudien vous assurera qu'il est exclusivement le «protecteur» des deux Lieux Saints. Que peut-on dès lors attendre de pays qui, au long de ces dernières années, ont préparé obstinément la déconfiture du Monde dit «arabe» allant au-devant de ce que préparaient pour lui les Etats-Unis et Israël. Le cocasse de l'affaire - faut-il en pleurer? - est que l'Arabie saoudite est concernée par le morcellement - en petits Etats confessionnels, ethniques et tribaux - établi pour le Moyen-Orient. (voir la carte de cette région redessinée par les USA et Israël, publiée en 2006 par la revue militaire américaine AFJ (Armed Forces Journal), intitulée «Redessinons la carte du Moyen-Orient». Or, l'Arabie des Al Saoud a joué un rôle clé ces dernières années dans la déstabilisation du Monde arabe, précipitant la reconfiguration de cette région. Sourds et muets face au martyr des Syriens - les Arabes auront été les seuls dans le monde à ne pas avoir bougé pour les réfugiés syriens - les dirigeants arabes se singularisent encore au moment où les Palestiniens sont une énième fois, la proie de l'oppression israélienne, tournant le dos à un peuple victime d'un déni de l'histoire.