Selon Dominique Von Burg, président du Conseil suisse de la presse, le défi est de pérenniser l'information, pas la presse dans sa version actuelle. Le ministère de la Communication a organisé hier, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, un séminaire intitulé «La déontologie garante d'un journalisme crédible». Lors de ce séminaire, le conférencier, le président du Conseil suisse de la presse, Monsieur Dominique Von Burg, est longuement revenu sur le rôle de la déontologie, ses enjeux ainsi que les garanties qu'elle permet de mettre en place pour aller vers un journalisme crédibile et renforcer sa crédibilité auprès des lecteurs. Il a, dans ce sillage, mis sur la table l'évolution de la perception de la pratique journalistique en Suisse et en Europe. Il a, entre autres, parlé de la satire et de ses règles journalistiques. «Nous pouvons pratiquer la satire, nous pouvons nous moquer des religions, mais il y a des critères qui doivent être observés pour que cela soit faisable», a-t-il dit. Aussi, a-t-il précisé, «notre travail en tant que Conseil n'est pas de sanctionner ou de donner des instructions, mais de baliser le terrain», a-t-il expliqué avant d'ajouter: «Ce sont les rédacteurs en chef qui veillent sur le respect de la déontologie non pas les Conseils de presse ou les autorité de régulation.» Par ailleurs, minimisant le rôle des institutions gestionnaires du monde des médias, Monsieur Dominique Von Burg considère que, en tout état de cause, «aucune institution ne doit s'ingérer dans les rédactions sous quelque prétexte que ce soit». En effet, le président du Conseil suisse de la presse met la responsabilité du respect de la déontologie journalistique presque exclusivement sur le dos des rédactions et dit clairement que le Conseil qu'il préside ne veut nullement avoir un pouvoir de sanction. «Nous ne voulons pas avoir un pouvoir de sanction sur les journaux et les journalistes. Mais nous avons une autorité morale,» a-t-il indiqué. Analysant par la suite la situation actuelle de la presse à travers le monde, notamment à l'aune de l'émergence de la presse électronique, Monsieur Von Burg a fait savoir que «nous sommes à l'ère de la presse commerciale», chose qu'il considère plutôt préjudiciable pour le droit à l'information qui est consubstantielle à toute société démocratique. «Les motivations des patrons de presse sont essentiellement commerciales. Il arrive parfois qu'ils réduisent leurs effectifs. De plus, les journalistes ne vont plus sur le terrain et se contentent de puiser leurs informations sur Internet», a-t-il regretté. Dans le même sens, il s'est attardé sur l'émergence des communicants qui constituent une véritable «menace» pour la liberté de la presse, laquelle liberté constitue l'essence de la presse. «Le travail des journalistes est aujourd'hui court-circuité par les communicants. En Suisse par exemple, le gouvernement fédéral a environ 1000 communicants alors qu'il en avait à peine six au milieu des années 1980. Ces communicants se chargent, d'une part, de bloquer l'accès à l'information pour les journalistes et, d'autre part, à prêcher la bonne parole. Monsieur Von Burg a cependant, affirmé que «le plus important n'est pas la pérennité de la presse sous sa forme actuelle, mais la circulation libre de l'information, car sans information libre et crédible, il n'existe pas de société démocratique».