Mieux vaut tard que jamais. Après quatre longues années, après près de 250.000 morts, après 2 millions de blessés, après la fuite de la moitié des Syriens (entre déplacés et réfugiés), une solution politique (prônée avec constance par l'Algérie) qui avait toujours été écartée jusque-là, semble se dessiner. Les présidents des deux grandes puissances, Barack Obama et Vladimir Poutine, doivent se rencontrer, lundi prochain à New York, avec au menu le dossier syrien. Les observateurs considèrent le déplacement du président russe aux Etats-Unis comme historique. Pour deux raisons au moins. La première consacre la reprise des rencontres entre les deux chefs d'Etat qui ne s'étaient pas vus depuis 2013. La seconde est que pour la première fois depuis une décennie, le président russe prononcera, par la même occasion, un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU lundi prochain. Un discours que tout le monde s'accorde à dire qu'il sera axé sur le règlement de la crise en Syrie. A ces deux grands moments en faveur de la paix en Syrie par une solution politique, s'ajoute la présence aux Etats-Unis du président chinois Xi Jinping. Il a rencontré, hier, son homologue américain Barack Obama. Si le sujet annoncé officiellement concerne la lutte contre le changement climatique, il va sans dire que les grands dossiers comme celui de la Syrie, ne pourront être éludés. Sur ce point précis, la position chinoise est connue. Elle converge avec celle de la Russie. Par quatre fois ces deux pays ont pesé par leur veto à des résolutions du Conseil de sécurité sur la Syrie et éloignées d'une solution politique. Le poids de ces trois grandes superpuissances pour une solution politique n'excluant pas l'actuel président syrien Bachar El Assad, autorise l'optimisme quant à un proche règlement de la crise syrienne. Il faut rappeler que la position américaine a évolué au fil du temps. On sait, depuis la mi-mars de cette année et par la voix du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, que la Maison-Blanche est prête à cette solution. Dans une interview à la chaîne CBS, Kerry avait admis qu'au «final nous devrons négocier (avec le président Assad)». Une telle annonce ne pouvait qu'entraîner la vieille Europe à plus de souplesse dans ses positions. Surtout face à un afflux de migrants sans précédent auquel elle peine à faire face. En marge du sommet européen consacré à cette crise migratoire, la chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré clairement, jeudi dernier, «il faut parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad». Le Premier ministre anglais, David Cameron, et après une conversation téléphonique avec Barack Obama, a fait savoir, jeudi dernier, qu'il était «d'accord sur le fait que le nombre croissant de réfugiés fuyant (la Syrie) et la menace de l'EI mettaient en évidence la nécessité de progresser sur une transition politique pour mettre fin au conflit syrien». La France qui avait prévu, mercredi dernier, de lancer une troisième conférence internationale sur la Syrie, tiendra certainement compte du nouveau climat international pour rejoindre les partisans d'une solution politique qui n'exclut pas le président syrien. L'Elysée, on le sait, est très attaché au respect de la légalité internationale. Ceci dit et quoi qu'il en soit, la paix en Syrie est tributaire de l'éradication des terroristes de Daesh. Ce qui nécessitera du temps qui sera plus facile à réduire avec l'adhésion et les moyens conjugués de toute la communauté internationale. Il reste à espérer aussi et dans la foulée que la même solution politique puisse être adoptée pour la crise en Libye. Sans quoi ni le problème des migrants ni celui de Daesh ne seront totalement réglés. D'autant que c'est la communauté internationale qui est responsable du chaos que vivent les Libyens. Une erreur à réparer!