Les chefs de la diplomatie syrien et russe ont affiché lundi à Moscou la disposition de Damas à participer à des discussions de paix pour une solution politique à la crise syrienne, tandis que le Congrès américain débat des frappes voulues par Barack Obama contre Damas. Au moment où le président américain espère obtenir le feu vert du Congrès pour lancer une opération militaire en Syrie, les ministres des Affaires étrangères syrien, Walid Mouallem et russe Sergueï Lavrov se sont entretenus lundi à Moscou sur la situation. "Une solution politique est encore possible", a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse à l'issue de ces pourparlers, affirmant que Damas était toujours "prêt à des négociations de paix". Le chef de la diplomatie syrienne a affirmé que son gouvernement était "prêt au dialogue avec toutes les forces politiques syriennes qui veulent le rétablissement de la paix dans notre pays", tout en mettant en garde que la position de Damas changerait en cas de frappes. "Nous sommes en effet prêts à participer à une rencontre à Genève sans conditions préalables", a-t-il ajouté, en allusion à l'organisation d'une nouvelle conférence internationale de paix dont l'idée avait été proposée en mai par Moscou et Washington mais qui est restée lettre morte. M. Lavrov a par ailleurs mis en garde contre l'"explosion de terrorisme" au Moyen-Orient que provoqueraient des frappes contre le gouvernement syrien. M.Al-Mouallem a également remercié, au nom du président syrien Bachar al-Assad, le chef de l'Etat russe,Vladimir Poutine, pour son soutien à un règlement politique de la crise syrienne qui, en deux ans et demi, a fait 110.000 morts et deux millions de réfugiés dans les pays voisins. A Londres, dernière étape de sa tournée sur le continent européen, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a, lui aussi, réaffirmé qu'un règlement du conflit syrien était avant tout "politique" et non "militaire", alors que les Etats-Unis préparent des frappes contre Damas. "Les Etats-Unis, le président Obama, moi-même et d'autres sont d'accord pour dire que la fin du conflit en Syrie requiert une solution politique. Il n'y a pas de solution militaire, nous n'avons aucune illusion à ce propos", a déclaré M. Kerry au côté de son homologue William Hague. Obama en quête du feu vert du Congrès pour une frappe militaire Pour engager des frappes en Syrie, Brack Obama attend le feu vert du Congrès. Sénateurs et représentants se retrouvent lundi pour leur session d'automne et doivent se prononcer probablement mercredi pour ou contre une intervention militaire en Syrie. Dans cette perspective, le gouvernement américain a lancé une vaste campagne pour tenter de convaincre les élus et l'opinion américaine de donner leur feu vert. Barack Obama doit s'exprimer ce lundi sur six chaînes de télévisions américaines, tandis qu'il s'adressera mardi aux Américains qui restent sceptiques voir même opposés pour une bonne partie à une nouvelle guerre après l'Irak et l'Afghanistan. L'attaque chimique est une "mise en scène fabriquée", selon Lavrov Concernant l'attaque chimique perpétrée le 21 août dans la banlieue de Damas, M.Lavrov a affirmé quÆil y a des faits qui prouvent que cette attaque est "une mise en scène fabriquée". "Il y a des évaluations professionnelles, faite par la membre de la Commission d'enquête de l'ONU, Carla del Ponte. Elle possède des informations sur l'utilisation d'armes chimiques et toxiques par des rebelles", a t-il souligné. La crise syrienne a atteint sa phase critique le 21 août, lorsque des médias ont fait état d'une attaque chimique présumée menée par le gouvernement syrien près de Damas, des allégations rejetées sans cesse par les autorités syriennes. Le président al-Assad a réaffirmé qu'"il n'y a pas de preuve qu'il ait utilisé des armes chimiques contre son peuple", dans une interview à la chaîne américaine CBS qui doit être diffusée lundi soir. La Russie a bloqué jusqu'ici avec la Chine toute décision au Conseil de sécurité de l'ONU qui viserait à prendre des sanctions ou à lancer une intervention militaire contre la Syrie. Plusieurs autres pays s'opposent à toute opération étrangère qui risquerait de "déstabiliser l'ensemble de la région". En Iran, le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a affirmé qu'une éventuelle action militaire contre la Syrie serait "illégale" selon la charte de l'ONU. Le pape François a, de son côté, dénoncé les "guerres commerciales pour vendre des armes" et "la prolifération" de celles-ci. Quant à la haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, Navi Pillay, elle a appelé une nouvelle fois lundi à des négociations pour mettre fin au conflit syrien, estimant qu'une "réponse militaire risque d'allumer une conflagration régionale".