Le rapatriement attendu hier à Téhéran d'une partie des corps des pèlerins iraniens tués dans la bousculade de Mina, près de La Mecque, a été retardé dans un climat de tension croissante avec Riyadh. Ce report est dû à des raisons administratives, notamment les autorisations d'atterrissage en Arabie saoudite des avions chargés de rapatrier les corps des pèlerins décédés, selon des responsables iraniens. L'Iran est le pays ayant de loin payé le plus lourd tribut à la catastrophe du hadj qui, selon Riyadh, a fait au total 769 morts et 934 blessés. Le dernier bilan publié hier matin par le comité iranien d'organisation du hadj fait état de 228 morts iraniens, 27 blessés et 246 disparus. «Un avion devrait partir pour Jeddah (Arabie saoudite) ce soir pour transférer des corps et, si Dieu le veut, les funérailles auront lieu demain (aujourd'hui) à Téhéran», a déclaré à la télévision publique Ali Marashi, un des responsables du Croissant Rouge iranien chargé du rapatriement des corps. Depuis la tragédie, qui a exacerbé des tensions déjà vives entre Téhéran et Riyadh, le nombre de victimes iraniennes augmente de jour en jour: il pourrait encore s'aggraver vu le nombre de personnes toujours portées disparues. Le président Hassan Rohani est rentré hier après avoir écourté son voyage à New York, car il voulait être présent à Téhéran pour le retour des dépouilles de 130 pèlerins morts pendant la bousculade. Dans une déclaration à l'agence de presse Tasnim, le porte-parole du gouvernement, Mohammad Bagher Nobakht, a affirmé que «tous les efforts étaient entrepris pour un transfèrement rapide des corps», sans toutefois donner de date. Après avoir attendu plusieurs heures lundi l'autorisation de se rendre en Arabie saoudite, une délégation iranienne, dirigée par le ministre de la Santé Hassan Hashemi, est finalement arrivée à La Mecque hier à l'aube. «Nous allons mettre en place la coordination nécessaire entre l'Arabie saoudite et l'Iran pour un transfèrement rapide des corps», a-t-il dit à la télévision publique. Quelques heures après le drame, les plus hautes autorités d'Iran ont accusé le royaume saoudien d'en être responsable et de ne pas coopérer avec Téhéran dans la recherche des disparus et le rapatriement des victimes, mortes où blessées. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a exigé «des excuses» de l'Arabie saoudite à l'ensemble de la communauté musulmane, lui demandant d'accepter sa «responsabilité dans ce terrible accident et de remplir ses obligations». Les pèlerins ont été «victimes de l'incompétence de ceux qui étaient chargés» de l'organisation du pèlerinage, a répété M. Rohani devant l'ONU à New York, réclamant une «enquête précise sur les causes de ce désastre». «La douleur et la peine infligées à des millions de musulmans va au-delà de réparations matérielles», a-t-il poursuivi, ajoutant que «l'opinion publique exige que les responsables saoudiens remplissent leurs obligations internationales», notamment en permettant le retour rapide des corps des victimes dans leurs pays. «Surtout, il est nécessaire de mettre en place les conditions pour une enquête indépendante et précise sur les causes de ce désastre et les façons d'empêcher sa répétition à l'avenir», a-t-il dit.