L'Arabie saoudite a été vivement critiquée vendredi pour son organisation jugée défaillante du pèlerinage de La Mecque, après la bousculade qui a fait plus de 700 morts parmi les fidèles musulmans. Les autorités saoudiennes ont promis une enquête «rapide et transparente», à laquelle l'Iran, durement touché par la tragédie avec 136 morts et 344 disparu, a exigé d'être associé. Le roi Salmane a ordonné «un réexamen» de l'organisation du hadj, l'un des plus grands rassemblements religieux annuels dans le monde, qui s'est achevé hier et auxquels quelque deux millions de personnes prennent part cette année. Le 11 septembre, l'effondrement d'une grue sur la Grande mosquée à La Mecque avait déjà fait 109 morts et quelque 400 blessés parmi les fidèles qui commençaient à se rassembler avant le hadj. A Mina, non loin de La Mecque, la foule était moins compacte vendredi pour la suite du rituel de la lapidation que la veille. Jeudi, au moins 717 personnes sont décédées et 863 ont été blessées dans le drame le plus meurtrier qui ait endeuillé le pèlerinage depuis 25 ans. Soucieux de terminer le pèlerinage malgré tout, des fidèles se sont adonnés au rituel selon la tradition. «Il n'y a pas de problème sur le site des stèles. Un bon système a été mis en place pour faciliter le mouvement» des pèlerins, expliquait Ahmed Awadh, un Egyptien. Un Syrien, Abdel Aziz, était plus fataliste: «Je m'en remets à Dieu. Je n'ai pas peur». «C'est mieux organisé et il y a plus de contrôles» sur le site, a confirmé Aminu Abubakar, un reporter nigérian effectuant le pèlerinage et qui a survécu au drame pour avoir été en tête de la procession. Certains pèlerins critiquaient toutefois la mauvaise gestion des déplacements des pèlerins rassemblés à Mina, une cité de tentes blanches. «L'Arabie saoudite dépense beaucoup d'argent pour le hadj mais l'organisation est défaillante», déclarait Ahmed, un autre pèlerin égyptien. Des images vidéo diffusées jeudi ont montré de nombreux corps inertes jonchant le sol ainsi que des affaires personnelles éparpillées. «Les gens trébuchaient, tombaient, tentaient de se relever (...) et mouraient devant nos yeux», a témoigné Zaid Bayat, un homme d'affaires sud-africain, cité par l'agence de presse panafricaine ANA. Pays étranger le plus touché par le drame, selon un décompte encore partiel et provisoire puisque Riyadh n'a pas encore fourni de chiffres des victimes par nationalité, l'Iran a vivement mis en cause l'Arabie saoudite et dénoncé des failles dans la sécurité. A New York où il doit participer à l'Assemblée générale de l'ONU, le président iranien Hassan Rohani a ainsi demandé au «gouvernement saoudien d'accepter ses responsabilités». Le premier vice-président iranien, Es-hagh Jahanguiri, a estimé que «des pays comme l'Iran, qui ont beaucoup souffert, doivent avoir leurs représentants dans l'enquête». «Il n'y a aucun doute sur la mauvaise gestion et le manque d'expérience des responsables (du hadj)». Alors que le chargé d'affaires saoudien à Téhéran a été convoqué pour la seconde fois en deux jours au ministère iranien des Affaires étrangères, une manifestation a eu lieu après la prière du vendredi dans la capitale iranienne pour dénoncer un «régime malveillant et incompétent» selon un communiqué d'un Conseil qui organise les manifestations officielles. En Turquie, un dirigeant du parti islamo-conservateur, au pouvoir à Ankara, a dénoncé «les négligences» des Saoudiens et proposé que son pays organise le hadj car les lieux saints de l'Islam appartiennent à tous les musulmans».