Tous les moyens ont été mis en oeuvre pour réparer au plus vite La coupure d'Internet depuis jeudi touche une bonne partie de l'économie nationale, à savoir le secteur des services. Les perturbations du réseau Internet, survenues jeudi dernier, ont sans doute entraîné un impact sur la situation économique du pays d'autant plus qu'elles durent déjà depuis quatre jours et que l'Internet constitue, désormais, une des plaques tournantes de pans entiers de l'économie nationale, notamment dans le secteur des services (banques, assurances, agences de voyages, postes, etc). Mais le bilan de cette coupure d'Internet est déjà lourd et risque de s'alourdir davantage si les perturbations venaient à se prolonger dans le temps. Certains experts parlent déjà de pertes «énormes»à cause de cette coupure qui pénalise notamment les établissements financiers et les commerces de services. «Les établissement financiers et les entreprises activant dans le tertiaire fonctionnent tous par Internet et les perturbations qu'enregistre ce service impactent considérablement ces établissements. Il est vrai que c'est difficile d'évaluer les pertes avec exactitude en ce moment, notamment en l'absence d'un système de veille performant. Néanmoins, si l'on faisait une simple déduction sur le chiffre d'affaires de ce segment de l'économie nationale, l'on constaterait que les pertes sont sèches. Le secteur tertiaire est sans nul doute gravement affecté,» constate Lounès Hami, économiste, chose qui a été confirmée, entre autres, par Hassan Khelifati, P-DG d'Alliance assurance qui con sidère que «cette coupure a ralenti le système de fonctionnement». «Nous avons 200 agences qui travaillent online après la modernisation du système depuis trois ans. Tout passe par Internet, devenu désormais notre carburant,» a-t-il précisé. Pour ce qui est des entreprises industrielles, M. Hami considère que ces perturbations ne peuvent pas avoir un impact important sur elle car, fondamentalement, elles sont peu, pour ne pas dire nullement, connectées à l'Internet. Et de citer le cas de plusieurs zones industrielles et d'activités qui ne sont même pas branchées au téléphone fixe, notamment dans les zones reculées: Tala Athmane, Berrouaghia, etc. Dans ce sens, d'ailleurs, une étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) a conclu qu'en Algérie l'usage des technologies de l'information et de la communication dans les petites et moyennes entreprises se limite à l'acquisition de l'outil informatique dont l'utilisation est jugée «restreinte». Cette étude a révélé, par ailleurs, que plusieurs entreprises ont un usage très limité des TIC. En effet, la majorité ne possède pas de sites Internet lui permettant de préserver sa visibilité sur le Web afin d'échanger les informations et de présenter ses prestations. Il ressort de l'étude, qui a ciblé plus de 600 PME de la région Centre du pays, également que 53,1% des entrepreneurs sondés déclarent connaître les TIC mais seuls 46,33% d'entre eux les utilisent. 38,5% des sujets interrogés affirment ne rien savoir des TIC. Pour les entreprises qui possèdent un site Web, celui-ci affiche un contenu basique, rarement mis à jour. De son côté, Ali Kahlane, expert en TIC et en économie numérique, relève que les pertes occasionnées par cette déconnexion sont énormes. «Il m'est difficile de quantifier la perte occasionnée mais elle est importante. Heureusement que la panne est survenue le week-end, sinon la perte serait plus grave encore. Mais il faut mettre en place un mécanisme d'évalutation pour mesurer l'impact de cette coupure de connexion», a-t-il indiqué. Par ailleurs, certains spécialistes, intrigués par les réticences des responsables algériens du secteur des télécommunications, mettent le doigt sur les retards accusés pour la mise en place d'un point d'échange Internet, ce que l'on appelle communément un GIX, qui permet une interconnexion directe entre les fournisseurs algériens d'accès au Web sans passer par des réseaux étrangers En effet, annoncé depuis plus d'une année par l'ex-ministre de la Poste et des TIC, Madame Zohra Derdouri, et devant être opérationnel fin 2015, le projet de GIX n'est toujours pas à l'ordre du jour. Pourtant, tous les experts s'accordent à dire que la mise en place du GIX en Algérie permettrait un gain économique et des avantages dans le temps de latence (temps de réponse réduite au maximum entre deux internautes connectés) ainsi que dans la bande passante, ce qui remet carrément en cause l'existence du câble souterrain coupé à Annaba.