Ces derniers ont vainement tenté de convaincre du caractère culturel de leur «escapade». Il n'aura donc pas fallu beaucoup de temps pour que la justice mette un terme à une affaire qui n'a fait que trop de bruit. Lundi 29 novembre, en début de soirée, après avoir siégé plus de dix heures, le tribunal de Djanet a condamné les cinq «touristes» allemands, inculpés dans le pillage des 130 pièces archéologiques du parc national du Tassili, à une peine de trois mois de prison ferme avec, à la clé, la saisie des objets volés et les deux véhicules de type 4x4 Toyota. Les inculpés ont également écopé d'une amende de 5,2 millions de dinars (la valeur des pièces pillées) et 30 autres millions à verser, comme dommages et intérêts, à l'Office national du parc du Tassili. La partie civile, elle, constituée des douanes et de l'Onpt, avait demandé auparavant, outre la stricte application de la loi 98-04 et le versement d'une somme de 10 millions de dinars, l'expulsion des accusés du territoire national. Durant tout le procès, la défense, assurée par Me Ouchaïb, a plaidé non coupable et a balayé d'un revers de la main toutes les charges retenues contre les cinq «touristes», les disculpant du «pillage» de centaines d'objets archéologiques. Les accusés ont été, tour à tour, entendus par le président de la cour. Ils ont unanimement soutenu la thèse selon laquelle leur acte ne visait qu'à prendre possession de quelques objets comme souvenirs sans l'intention de voler ou plutôt de commercialiser la «marchandise» pillée. Ainsi prend fin une affaire qui, durant une semaine, a fait la une de la presse nationale. Les cinq pseudotouristes, en provenance de la ville d'El Oued avec le guide de l'agence touristique Chenna Voyage, sont arrivés dans la capitale du Tassili des Ajjers, Djanet, avant de prendre la fuite, sans leur guide, à bord de deux véhicules de type 4x4 à destination de l'Erg Admer, à 95 km de la ville. Aussitôt leur évasion signalée par le guide, les services de sécurité, avec à leur tête l'armée, ont enclenché une vaste opération de recherche qui a fini par surprendre les cinq fuyards, la main dans le sac, avec des pièces archéologiques constituant une des richesses de notre patrimoine et celui aussi de l'humanité. Devant le juge, ces derniers ont vainement tenté de convaincre du caractère culturel de leur «escapade». Un argument qui n'a pas fait long feu du moment que leur condamnation à trois mois de prison ferme sonne comme une décision prise sans aucune complaisance. Souvenirs ou pas, en tout cas, la justice algérienne, dans cette affaire précisément, s'est, disons-le, distinguée par une célérité indéniable et a fini par battre en brèche toutes les supputations quant à une éventuelle impunité dont auraient pu jouir les pillards allemands et que ces derniers avaient, peut-être espérée. Alimentés, à coup sûr, au plus haut niveau, par l'amélioration des relations algéro-allemandes, amélioration mentionnée dans la dernière visite du chancelier Gerhard Schröder en Algérie, ces «paris» pour le moins surprenants se sont ainsi estompés, laissant le judiciaire remplir la mission que lui a conférée la Constitution. Bien qu'elle soit loin d'être terminée, la bataille juridique pour la libération des cinq touristes - la défense entend faire appel dans les prochains jours - connaîtra probablement d'autres rebondissements tant l'ampleur du pillage a été, grâce à cette affaire, mise en lumière par le grand public.