La rencontre a été sanctionnée par la signature de 10 accords de coopération L'Algérie attache trop d'importance à la stabilité et à la sécurité de la sous-région pour céder à des mouvements d'humeur et galvauder une stratégie dont l'ambition est d'oeuvrer à une paix et une sauvegarde de l'ensemble du Maghreb. C'est dans une ambiance plutôt tiède que les travaux de la 20ème session de la Grande commission mixte algéro-tunisienne ont débuté hier à Alger sous la coprésidence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du chef du gouvernement tunisien, Habib Essid. La rencontre, qui devait être sanctionnée par la signature de 10 accords de coopération, aura permis de procéder à une évaluation des relations bilatérales dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social. Par ailleurs, ce fut l'occasion d'aborder un certain nombre de questions d'intérêt commun liées à l'évolution de la situation sous-régionale. Auparavant, il y eut un entretien entre les deux chefs de gouvernement en présence du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Au terme de cette réunion de la commission mixte, le chef du gouvernement tunisien a été reçu en audience par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il faut dire que si la tenue de la Grande commission mixte était un moment incontournable, les sujets de préoccupation ne pouvaient pas être les mêmes, compte tenu des surprises à répétition que la diplomatie tunisienne a généré ces derniers mois. Tour à tour, il y a eu le voyage du président Beji Caïd Essebsi aux Etats-Unis dont Alger a découvert les finalités a posteriori, s'agissant de questions sécuritaires des plus essentielles pour la région maghrébine, puisqu'il y fut question d'une base militaire US, finalement remplacée par l'installation de drones d'attaque. Puis, ce fut le tour du parti majoritaire Nidaa Tounès qui recevait un invité, Nicolas Sarkozy, dont les propos mal venus sur le «voisinage à haut risque» de l'Algérie auraient dû susciter une réaction immédiate de la part des autorités tunisiennes. Enfin, la déclaration du ministre de l'Intérieur sur la provenance de terroristes «algériens» qui frapperaient une «Tunisie tranquille», bien que démentie, après, aura constitué la goutte d'eau tombée dans un verre déjà plein. Tous ces couacs dans une relation bilatérale donnée pour aussi dense que fraternelle ne pouvaient pas ne pas engendrer une certaine morosité, voire une dose de suspicion quant aux véritables pensées et aux calculs d'une classe politique tunisienne habile à slalomer dans le labyrinthe des relations internationales. Sauf que des enjeux majeurs pèsent aussi bien sur l'Algérie que sur la Tunisie, enjeux dont les retombées peuvent être graves, pour l'une comme pour l'autre. La situation en Libye reste des plus incertaines, et le fait que plusieurs milliers de jihadistes tunisiens sont en train de refluer de l'Irak et de la Syrie, mandatés par l'Etat islamique qui tente de mettre à profit la donne syrienne pour redéployer une partie de ses forces au Maghreb, alarme l'ensemble des observateurs avertis. C'est pourquoi la signature de l'accord proposé par la médiation onusienne en Libye est une nécessité absolue, les négociations devant être relancées de manière à rapprocher les points de vue apparemment inconciliables des factions rivales de Tobrouk et de Tripoli. Dans un tel contexte, les manoeuvres du gouvernement Essebsi et du parti Nidaa Tounès ne sauraient compromettre la démarche responsable d'un front populaire commun aux deux pays contre la menace terroriste d'où qu'elle vienne et c'est à cette aune qu'il convient de mesurer les décisions de la Grande commission mixte en faveur d'un renforcement de la coopération économique bilatérale. L'Algérie attache trop d'importance à la stabilité et à la sécurité de la sous-région pour céder à des mouvements d'humeur et galvauder une stratégie dont l'ambition est d'oeuvrer à une paix et une sauvegarde de l'ensemble du Maghreb, malgré toutes les forces hostiles et les conjectures qui risquent parfois d'hypothéquer tous ses efforts. Plusieurs accords de coopération signés Plusieurs accords de coopération et de mémorandums d'entente ont été signés à l'issue des travaux de la 20eme session de la Grande commission mixte algéro-tunisienne. Les accords et les mémorandums ont été signés par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine (UA) et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel et le ministre tunisien de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Zakaria Hamad, co-présidents du comité de suivi bilatéral. Il s'agit de l'accord de coopération en matière de propriété industrielle signé entre les Instituts algérien et tunisien de la propriété industrielle et du mémorandum d'entente signé entre l'Office national de métrologie légale (Onml) et le Laboratoire central tunisien d'analyses et d'essais. Un autre mémorandum d'entente a été signé dans le domaine de l'aménagement et de l'équipement des bâtiments industriels entre l'Agence algérienne d'intermédiation et de régulation foncière et l'Agence foncière industrielle tunisienne, outre l'accord de transport aérien qui actualise l'accord signé en septembre 1963 entre l'Algérie et la Tunisie. Les deux parties ont également signé les programmes exécutifs de coopération 2016-2017 dans le domaine de la santé, de la formation professionnelle et de l'environnement durable...