La situation est toujours explosive en Libye Les trois pays ont évalué les voies et moyens susceptibles de relancer le processus de dialogue national inter-libyen conduit par les Nations unies en vue de la restauration de la paix et de la sécurité... Les travaux de la troisième réunion tripartite ministérielle regroupant l'Algérie, l'Egypte et l'Italie ont été consacrés à l'examen de la situation en Libye, aux implications qu'elle entraîne sur l'ensemble de la région de part et d'autre de la Méditerranée et aux actions éventuelles qui permettraient de faire bouger les lignes de démarcation des différentes parties prenantes au conflit. Cette rencontre a eu lieu au siège du ministère des Affaires étrangères et a regroupé le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires étrangères d'Egypte, Sameh Choukry, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale d'Italie, Paolo Gentiloni. Les ministres ont donc examiné la situation qui prévaut actuellement en Libye, au lendemain du rejet de l'accord soumis par le médiateur de l'ONU Bernardino Leon par les deux factions rivales de Tripoli puis de Tobrouk, de même qu'ils ont évalué les voies et moyens susceptibles de relancer au plus tôt le processus de dialogue national inter-libyen conduit par les Nations unies en vue de la restauration de la paix et de la sécurité du pays comme de la région. Condition première pour l'adoption d'un gouvernement de large union nationale, et cela dans le cadre de la solution politique à la crise que connaît la Libye. Autre axe de grande importance débattu par les trois ministres, les éventuelles retombées, au double plan politique et sécuritaire, de l'instabilité qui prévaut toujours en Libye et qui menace de façon récurrente à la fois les pays voisins au Maghreb et au Sahel et les pays de la rive Nord méditerranéenne. Préoccupation majeure des trois pays réunis à Alger, la sauvegarde du processus de négociations aura constitué l'axe majeur de la réflexion tant l'Algérie, l'Egypte et l'Italie sont directement concernées par la somme des enjeux et des menaces, et entendent agir vite et bien pour maintenir l'esprit du dialogue sans lequel il n'y aurait plus d'alternative. Déjà en avril dernier, les trois ministres avaient tenu une réunion analogue en Italie et avaient anticipé sur les difficultés, d'ailleurs prévisibles, de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU qui s'est heurté à des contestations répétées de ses propositions aussi bien par des courants au sein de Fadjr Libya que du Parlement de Tobrouk reconnu par la communauté internationale, sous des prétextes aussi fallacieux que multiples. Surtout, cette rencontre avait permis de s'interroger sur la lutte contre le terrorisme. L'Algérie et l'Egypte, quant à elles, ont déjà des concertations approfondies, dans le cadre du Groupe des pays voisins créé à Alger en 2014, dans le cadre de l'Union africaine, et qui compte également la Libye, la Tunisie, le Soudan, le Tchad et le Niger. Le programme de travail de ce Groupe avait largement inspiré la démarche de la médiation conduite par l'ONU puisqu'il privilégie la recherche d'une solution politique à la crise libyenne à travers la mise en place d'un dialogue inclusif réunissant l'ensemble des parties au conflit, à l'exclusion des groupes terroristes. Deux commissions avaient été créées lors de la réunion de Khartoum, début 2015, le premier présidé par l'Algérie pour sérier les questions sécuritaires et le second présidé par l'Egypte et consacré aux questions politiques. En marge de cette tripartite, Abdelkader Messahel a réitéré sa conviction que «le projet d'accord politique onusien est suffisamment consensuel et rassurant», quant à la mise en place d'une initiative susceptible de gérer la transition en Libye. «Le projet d'accord onusien constitue un cadre fédérateur qui sert l'intérêt du peule libyen face aux défis qui se posent au pays», a indiqué de son côté le ministre égyptien M.Choukry alors que le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni concluait sur cette réunion «importante et décisive pour l'avenir proche de la Libye et pour sa stabilité», manière de conforter une démarche qui conserve le soutien résolu de la communauté internationale. «Aujourd'hui, et au vu de l'ampleur et de la gravité des défis sécuritaires qui se posent à la Libye, notamment ceux liés au terrorisme et à la criminalité, il est impératif de parvenir à un consensus entre les partenaires libyens à même de préserver la Libye du chaos» a-t-on insisté, donnant du même coup le ton à une rencontre qui vise à rappeler surtout «l'urgence d'un règlement politique mettant fin à la crise libyenne». Sauf que cette fois, il ne s'agit plus d'un slogan diplomatique sans grande conséquence, mais d'un diagnostic qui précède l'alarme.